« Révolte », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Hier,
dans le Tarn, une femme est morte. Elle avait 92 ans. Elle a été tuée par son
mari. Il y a trois jours à Cagnes-sur-Mer, une femme est morte. Elle avait 21
ans. Elle a été tuée par son compagnon. Le froid énoncé de ces deux meurtres
serre la gorge et donne envie de crier. Depuis le début de l’année, 101 femmes
de tous âges sont mortes sous les coups de leur mari, leur compagnon, le plus
souvent sous les coups d’un homme qu’elles ont aimé, en qui elles avaient
confiance.
Le Grenelle
des violences conjugales qui s’ouvre aujourd’hui se présente comme une volonté
de réponse. Certaines associations de défense des femmes n’ont pas été invitées
et s’en insurgent à juste titre. D’autres veulent y voir une opération de
communication, non sans quelques raisons, comme le choix de la date, le 3/9/19,
comme le numéro d’appel lancé à cette occasion, le 39 19.
Peut-être.
Retenons cependant ce numéro d’urgence. À Cagnes-sur-Mer, une femme témoin de
la scène violente a appelé la police, qui est intervenue trop tard. Querelle d’amoureux ?
Quand on frappe, quand on tue ? Certains drames célèbres restent dans les
mémoires. Trop longtemps on a entendu dans les tribunaux des mots comme « crime
passionnel », à usage de circonstances atténuantes. Mais, sauf exception,
ce sont des hommes qui frappent et tuent.
Les associations
présentes eu Grenelle demandent l’ouverture de centres d’accueil, des moyens d’écoute
supplémentaires et une meilleure formation pour la police, des campagnes de
sensibilisation à tous les niveaux de la société et dès les premières années d’école.
Il faut tout cela et le gouvernement doit dépasser les déclarations d’intention
pour des actes. Le problème, c’est que ce n’est pas ce qu’il fait de mieux. Mais
il faut aller au-delà. C’est, à l’échelle de la France comme dans le monde, la
question du statut des femmes qui est toujours en jeu. Non, elle n’est pas
réglée comme on l’entend parfois. Le combat n’est pas gagné. Il passe par la
lutte des femmes sur les écrans et dans la pub, la lutte contre le harcèlement,
pour l’égalité des statuts et des salaires, la liberté de disposer de soi. Face
aux violences, la révolte doit être en actes.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire