« Pigeons », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Il paraît
que Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale, serait « bronzé
et d’humeur légère » selon les uns, « ressourcé par ses vacances en
Bretagne » selon le Parisien week-end qui lui consacrait trois pages d’entretien.
En résumé, donc, tout va bien si l’on excepte quelques problèmes dus à une « minorité
radicalisée » au moment des épreuves du bac, et le ministre ira j »jusqu’au
bout ». Mais de quoi ?
La France
est en 72e place de tous les pays testés par la rapport Pisa de l’OCDE
sur la réussite des enfants en lien avec leur milieu social. Selon le même
rapport, les enfants des milieux modestes ont quatre fois moins de chance de
réussite que ceux des milieux aisés. De cela, le ministre ne dit mot, sauf pour
évoquer le sport ou la culture comme moyens de réduire les inégalités, ce qui
fait que reposer le même problème dans les mêmes termes.
Mais
il a inventé une formule magique. L’éducation nationale ne serait plus le « mammouth »
dont parlait jadis Claude Allègre, mais un peuple de « colibris »,
élèves comme professeurs, le mot faisant référence à un mouvement citoyen lancé
par Pierre Rabhi. Changeons notre vision du monde et le monde changera : « Tous
ensemble, on peut faire bouger les choses. Les élèves vont développer les
potagers dans les écoles, installer des ruches et des perchoirs à oiseaux… »
Le ministre, en toute démagogie sur les questions environnementales, prend les « colibris »
pour des pigeons. La réalité de sa vision, la logique de ses réformes, avec l’atomisation,
l’individualisation des parcours et la reproduction Macron-compatible des
couches dirigeantes, sont à l’opposé de l’ambition de l’éducation nationale,
qui est d’amener tous les élèves au plus haut niveau. C’est cette ambition que,
dans leur masse, les professeurs et l’ensemble des personnels veulent assumer,
précisément malgré les réformes Blanquer. Ce ne sont pas les 300 euros
supplémentaires par an décidés par le gouvernement précédent et dont le
ministre se prévaut qui vont y changer quoi que ce soit. Jean-Michel Blanquer
ne feint l’apaisement ressourcé que pour mieux garder le cap.
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