« Mais quoi », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
S’il
fallait résumer en quelques chiffres la situation après les annonces faites,
hier, par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, face à la grève dans les
services d’urgence, ce serait les suivants : 750 millions d’ici 2022
seraient débloqués. On imagine sans mal que nombre de commentaires vont retenir
ce chiffre qu’on va nous répéter à l’envi. Les syndicats parlent de 4
milliards. Zéro création de poste. Ils en demandent 10 000. Le constat est
brutal. On pourrait dire peut-être que la ministre a commencé à entendre un peu
après six mois à faire la sourde oreille, pour elle qui connaît pourtant très
bien le milieu hospitalier d’où elle vient, en déclarant même à un moment qu’il
n’était pas facile de répondre à des revendications qui pouvaient varier d’un
lieu à un autre. Mais quoi ? What else ?
Elle
reconnaît donc la dimension nationale de la situation, mais elle reste pour l’essentiel
dans un véritable déni de réalité. Non seulement en matière de financement et
de postes, mais aussi au regard de la situation réelle dans les services, face
à des demandes de soins en hausse. Ainsi, l’objectif affiché serait de réduire,
d’ici à 2022, encore la fréquentation des services de 43% et d’enrayer une
progression de 2,8% par an. On peut relever ici un petit problème logique. On réduit
de près de la moitié, ou bien on enraye la progression.
Alors
les mesures annoncées par Agnès Buzyn déploient toute la panoplie du « il
faut qu’on, y a qu’à »…Mettre en place dans tous les territoires un
service répondant à toute heure à la demande. Bien. Donner à la médecine de
ville les mêmes outils de prise en charge que les urgences. Bon. Renforcer l’offre
de consultations sans rendez-vous en cabinets, maisons et centres de santé,
renforcer et reconnaître les compétences des professionnels des urgences (avec
quels salaires ?), etc. Bien sûr, mais comment, avec quels moyens, à
quelles échéances ? On a bien l’impression que, pour l’essentiel, la
ministre, au nom du gouvernement, a proposé du vent.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire