« Le discours et la méthode », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
« Le
président a vocation à exprimer ses convictions et à batailler sur les sujets
qui lui tiennent à cœur. » C’est, énoncé par Sibeth Ndiaye, la
porte-parole du gouvernement, le nouveau discours de la méthode. C’en serait
fini de la verticalité et de l’arrogance, et même des marathons de premier de
la classe du printemps. Non, le président donne son point de vue, parmi d’autres,
avec la simple volonté de le faire valoir, même s’il est bien clair, toujours
selon Mme Ndiaye, qu’il va « préempter certaines choses pour les rendre
intelligibles ». Bien sûr, au-delà même des convictions que seul le
président peut les expliquer.
Les retraites
semblent donc être le champ d’application privilégié d’une méthode qui devient
un enfumage. Consultation, concertation, pas d’âge pivot mais des départs plus
tardifs, systèmes par points…Bien malin qui s’y retrouve et sait exactement où
l’on en est. Ainsi, quand Jean-Paul Delevoye affirme qu’il ne copiera pas
certains modèles d’Europe du Nord mais les modèles par points des caisses
complémentaires Agirc et Arrco, et entend ainsi rassurer les Français, c’est en
se gardant de préciser ce qu’il en est. À savoir que ce système s’est traduit
en vingt ans par une baisse de 15% du rendement du point, comme nous l’expliquons
ci-après, en générant en outre de profondes inégalités en fonction des
accidents ou des interruptions de carrière, les femmes étant les plus touchées.
Tout
se passe comme si le nouveau discours de la méthode avait but de brouiller des
cartes. On peut retenir de ce point de vue l’analyse en forme de programme d’un
expert cité comme un proche du président par l’un de ses confrères : « Le
Grand débat, qui a eu une fonction thaumaturgique, a été la martingale du
printemps. On va institutionnaliser cette méthode. » Ce qui veut dire, une
fois traduit, que le grand débat, qui a eu une fonction miraculeuse, a été
comme l’une de ces combines qui permettent de gagner au jeu. En clair, en
matière de retraites aussi, on ne trouvera encore une fois dans le chapeau de l’illusionniste
que le lapin qu’il y a mis.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire