« Les mots des maux », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain lundi 9 septembre !
Lilian Thuram est donc accusé
de «racisme anti-Blancs». La bonne blague...
Une imprécision de langage, peut-être. Une
erreur de diagnostic, certainement pas… Le procès public instruit contre Lilian
Thuram, cible de virulentes critiques depuis sa réaction aux cris de singes
subis par Romelu Lukaku à Cagliari, en dit bien plus sur le football et la
société française que les déclarations qui l’ont provoqué. Ainsi donc, voici le
retour du «racisme anti-Blancs» dans le débat polémique, thème imposé par la
fachosphère et repris, ces dernières années, par de nombreuses personnalités, Alain
Finkielkraut en tête, et tous ceux qui portent l’inquiétude névrotique de la
préservation d’un espace français fantasmé. L’ex-international est à son tour
accusé d’alimenter ce «racisme anti-Blancs», ou une interview dans le Corriere
dello Sport. Pour dénoncer les maux de la xénophobie, voici les mots de
Thuram: «Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas
raciste, mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française,
européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire
d’avoir le courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs et qu’ils
croient l’être.»
L’usage de l’expression «les
Blancs», globalisante, serait si grave qu’elle provoque une réaction
médiatico-politique de très grande ampleur. Grave au point qu’il faille en
débattre sur toutes les chaînes d’info, en invitant des représentants du RN
(ex-FN) et tout ce que la médiacratie compte «d’experts» en ethnocentrisme
occidental, comme si la phrase de Thuram devenait central et que la question n’était
plus que des Noirs soient accueillis par des cris de singe dans des stades,
devant l’indifférence des autorités. De manière hallucinante, le problème ne
serait plus le racisme ordinaire – et la possibilité de le penser en tant
que système –, mais bien qu’une personne concernée au premier chef ait osé
en chercher et en exposer les causes. Résumons : qu’un homme noir, admirable
depuis toujours dans ses combats, se permette de dénoncer un racisme structurel
dérange bien plus que le racisme lui-même!
Lilian Thuram a pourtant raison: dans les
stades italiens, français et européens, trop de pseudo-supporters blancs crient
leur haine en toute impunité et affirment leur supériorité comme leur
suprématisme. C’est un éditorialiste de l’Humanité – un Blanc
– qui l’écrit. Sera-t-il lui aussi accusé de «racisme anti-Blancs»?
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