« Une inquiétante idylle », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Il ne suffit pas de se faire des câlins devant
les caméras pour régler les affaires du monde. Il ne fait pas de doute que le
président de la République française et cinquième puissance mondiale doit
parler au président des États-Unis comme aux présidents russes et chinois pour
ne citer qu’eux, ce qui n’exclut en rien les autres. Il est tout aussi clair qu’Emmanuel
Macron est arrivé à Washington en jouant la carte de l’homme qui serait capable
de parler à l’oreille de Donald Trump mais la fermeté dont il se réclamait se
ramène à un échec, quand il ne s’agit pas d’un tour de passe-passe sur le
dossier explosif du nucléaire iranien. En exploitant une sorte de dialectique
subtile qui annulerait l’accord tout en le dépassant qualitativement, Emmanuel
Macron n’a fait que donner à Donald Trump des arguments lui permettant de
justifier son retrait. Dès hier Téhéran, Moscou mais aussi Bruxelles n’étaient
pas dupes. On peut rappeler qu’à son arrivée Emmanuel Macron avait indiqué qu’il
n’y avait pas sur ce dossier de plan B, approuvé à ce moment-là par la Russie
et la Chine. Il sera difficile à la diplomatie française de maintenir la fiction
d’une avancée quand il s’agit pour le moins d’une retraite camouflée.
Mais
une autre question se pose. À quelle Amérique Emmanuel Macron a – t- il parlé
en affichant cette proximité avec un président aussi discuté ? Aux jeunes mobilisés contre les armes ?
Aux progressistes, à ceux qui s’inquiètent pour l’environnement ? Il l’a
fait dans son discours devant le congrès, en donnant le sentiment d’embrasser
tous les problèmes du monde et en étant ovationné tout au long de son propos. On
retiendra sans doute ces images mais elles ne peuvent occulter ce qu’au fond,
il partage avec Donald Trump malgré leurs différences de style. Une conception
autoritaire du pouvoir, l’idée des États comme des entreprises, une vision
exclusivement libérale de l’économie. Au fond l’idylle de ces trois jours n’est
pas une parenthèse et c’est bien le plus inquiétant.
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