« Le président aux champs », l’éditorial de Patrick Appel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
N’exagérons
rien, Emmanuel Macron ne s’est pas embarqué dans Rendez-vous en terre inconnue.
Mais sa prestation en compagnie de Jean-Pierre Pernaut ressortait d’une
campagne de communication à destination d’électeurs qui ne se retrouvent pas
dans la politique qu’il impose à coups d’ordonnances, de cadeaux aux grandes
fortunes, de déclassement des territoires. Peut-être le président espérait-il
trouver, dans ce bourg coquet doté de commerces et des services que perd la
ruralité, le cadre confortable d’un village Potemkine, ce décor peint que
traversait le tsar. Louis XVI aussi avait effectué, en Normandie, son voyage en
province…Mais, la maire du village a noirci le tableau en rappelant ce que la
commune avait perdu en dotations et combien elle souffre de l’austérité qui lui
est imposée.
Pour
le reste, en dépit de l’aménité de celui qui l’interrogeait, il n’a pas eu un
geste pour la France populaire. Annonçant qu’il fallait la « remettre au
travail », il a insinué qu’elle ne fait rien. Sourd aux mouvements
sociaux, il s’est voulu inflexible et brutal. Les étudiants en lutte ? « Des
agitateurs professionnels ! » Les retraités frappés par la hausse de la CSG ?
Il s’en moque en les remerciant de « leurs efforts », comme s’il s’agissait
d’une contribution volontaire. Il a également trahi son ignorance de la vie du
pays réel en affirmant que les territoires ruraux comptaient plus de pauvres
que les grandes villes, quand c’est nettement l’inverse. Emmanuel Macron n’apporte
rien mais veut vendre son image – ainsi que le transport ferroviaire… – dans cette
offensive médiatique qui va se poursuivre par un nouveau détour champêtre dans
les Vosges.
Le président
qui prônait la parole rare et jupitérienne poursuit son plan com, dimanche
soir, sur BFMTV. Le parcours y sera peut-être moins balisé. D’ici là, aura-t-il
ajouté à la guerre qui ensanglante le
Proche-Orient ? Peut-être, selon son bon vouloir. La vraie vie est
ailleurs. Aux côtés des cheminots, des soignants des Ehpad et des hôpitaux, des
éboueurs ou des fonctionnaires, des salariés de Carrefour et d’Air France.
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