« Ensemble », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
La conscience du moment a déjà
une vertu : nous savons pourquoi il convient de ne se laisser
impressionner par le matraquage idéologique. Le début du mouvement historique
des cheminots, ce 3 avril, laissait bien sûr entrevoir une offensive d’ampleur
de tous les libéraux de la noblesse d’État, de la technocratie et de la
médiacratie réunies, qui prêchent le dépérissement de l’État au profit du règne
sans partage du marché fou et des logiques du privé. En rabâchant à l’infini
les connaissances abstraites et mutilées dont ils se prévalent, ils ne se
lassent pas de placer la « modernité » du côté de nos gouvernants et
des patrons qui les représentent et les honorent, sachant, évidemment, que l’archaïsme
se trouve toujours du côté des syndicats et du peuple. Au fond, on en vient à
se demander qui a vraiment peur, depuis les manifestations du 22 mars.
Avec la SNCF, une nouvelle et
décisive guerre sociale est engagée par Emmanuel Macron. Les citoyens l’ont
bien compris. L’attaque brutale contre les uns ne sert qu’à préparer et
favoriser celle contre les autres, pour que, au fil des contre-réformes et des
privatisations, la France tourne le dos à son histoire sociale. Ne soyons pas
dupes. Pourquoi veulent-ils à ce point humilier les cheminots et entraîner dans
cette tentative scandaleuse une partie de l’opinion publique ? Pour ouvrir
une brèche, et ensuite attendre la classe ouvrière, le monde du travail et de
la création tout entier…
Nous sommes tous concernés par
ce mouvement social ; nous sommes tous des usagers. Ce combat qui s’annonce
long et incertain, nous rappelle quelques belles pages dans la mesure où il s’agit
d’un combat culturel autant que social : celui des services publics, le
pilier de notre civilisation sociale, notre bien commun. Car, les services
publics restent la seule richesse de ceux qui n’ont plus rien. Depuis que la
grande explication « de texte » a débuté, chacun peut désormais comprendre
que les défis auxquels la SNCF est confrontée n’ont plus rien à voir avec le
statut de ceux qui y travaillent et strictement aucune incidence sur la dette
du système ferroviaire ou le sous-investissement chronique. Voilà pourquoi
cette inédite bataille du rail est la nôtre. Elle ne se mène pas et ne se
gagnera qu’ensemble, le plus largement possible, tous secteurs confondus. Au nom
de l’intérêt général. Et d’une certaine idée de
l’à-venir.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire