« Déni démocratique », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
C’en
était fini de la vieille politique. Place aux hommes et femmes neufs, aux
députés issus de la société civile, aux ministres techniciens dont l’inexpérience
du pouvoir serait un gage de sincérité et d’expertise. On allait dire bonjour à
la présidence d’une nouvelle ère. On ne sait plus quel philosophe a dit que
prétendre ne pas faire de philosophie, c’était âtre esclave des mauvais restes
vulgarisés des pires philosophies…
Un an
après la promesse des fleurs, c’est bien de la vieille politique, et de la plus
mauvaise qui nous est servie là, avec les reliquats du genre. Des militants
invités à répéter les éléments de langage que le sommet désigné de la
République en marche leur fournit clés en main. Une Assemblée réduite au rôle
de chambre d’enregistrement et que les nouvelles dispositions
constitutionnelles vont encore marginaliser. Des ministres relayant chacun dans
son domaine la parole présidentielle, ou ce qui en tient lieu, comme un disque
déjà rayé.
Le conflit
à la SNCF voulu par un pouvoir fermé à la parole des syndicats précipite
encore, au sens chimique du terme, ce mélange d’autoritarisme et de populisme
qui semble être devoir être la marque du macronisme. C’est le président de l’Assemblée
nationale, ancien écologiste rallié pour un perchoir, qui stigmatise la grève
devenue « un réflexe ». C’est la ministre des Transports qui ne sait
que dénoncer, dans la presse et à l’Assemblée, une grève incompréhensible
pénalisant les usagers. Cela, après qu’on a inauguré la séquence en dénonçant les
privilèges des cheminots dans le plus pur style droitier.
Engagée
avec les rodomontades du premier ministre dans le Journal du dimanche, la
semaine va se poursuivre avec l’annonce en boucle de la prestation du
président, jeudi, dans un simulacre aux grosses ficelles de proximité avec la
ruralité, puis avec les commentaires de cette dernière, puis l’annonce en
boucle de son autre intervention, dimanche, sur BFM, RMC et Mediapart, puis les
commentaires à n’en plus finir. C’est un tir de barrage dans la plus détestable
tradition du genre. Une confiscation de parole. Un déni démocratique auquel l’opinion
est appelée à faire face.
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