« Peut-on critiquer la politique israélienne », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
Peut-on
dire ce que l’on pense du gouvernement israélien sans être taxé d’antisémitisme ?
La question ces temps-ci, hante opportunément le débat public. En témoigne l’agression
que vient de subir le directeur de l’Iris, Pascal Boniface, à l’aéroport de
Tel-Aviv. Crachats, bousculade violente. Insultes : « Suceur de bites
d’Arabe, sale fils de pute. » Menaces : « On va te crever
les yeux. »Invité en Israël par l’Institut français de Jérusalem pour une
série de conférences, Pascal Boniface a été mis à l’abri par la police, qui s’est
bien gardée d’interpeller ses agresseurs. L’affaire n’a l’air de rien. Elle illustre
au contraire l’ampleur des cabales dont sont victimes tous ceux qui de près ou
loin, expriment leur opinion – souvent leur indignation – sur la politique
israélienne. Parce qu’il critique depuis des années les agissements du pouvoir
israélien, Pascal Boniface est accusé d’antisémitisme. Cette qualification, en
contradiction totale avec ses combats personnels, se veut infâme et
déshonorante. Il n’est pas le seul. Combien d’élus français de gauche,
singulièrement des communistes, ont été refoulés d’Israël en raison de leur
soutien à la campagne BDS ?
Critiquer
l’extrémisme des pouvoirs israéliens = antisémitisme…Il y a quelques décennies,
cette formule paraissait absurde, sauf dans quelques cercles jusqu’auboutistes.
Cette idée devient aujourd’hui un lieu commun, que répètent en boucle et sans
nuances, jusqu’à lui faire perdre tout son sens, les supporters les plus
aveugles du premier ministre Benyamin Netanyahou, sur la base d’un obscur
procès d’intention qui pose comme présomption irréfragable que le moindre
critique ne serait en réalité que le masque d’une haine antijuive sournoise et inavouable,
relevant à ce titre de la catégorie fourre-tout de l’ « antisionisme »,
et donc…de l’antisémitisme. Nous conjurons les humains de bonne volonté d’élever
les consciences ! Est-ce un délit de répéter que c’est la volonté du
gouvernement israélien d’occuper la Palestine et transformer Gaza en prison à
ciel ouvert ? Qui osera nous accuser d’antisémitisme, nous, antiracistes
de toujours, parce que nous écrivons pour la énième fois que l’exécutif israélien
viole tous les chapitres du droit international, ce que chacun sait pourtant, à
l’ONU comme dans le reste du monde.
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