« Si vous, si nous… », L’éditorial de Patrick Appel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Les réflexes
de la majorité gouvernementale ont quelque chose de pavlovien. L’entourage d’Emmanuel
Macron rejoue le « droit dans mes bottes » d’Alain Juppé et prétend
qu’il ne cèdera pas. Un sniper de LREM recycle des munitions de Jean-Marie Le
Pen vieilles de vingt-trois ans et dénonce la « gréviculture ». D’autres
encore ressortent la valise à sornettes contre le statut des cheminots. Les partisans
de la casse du service public ferroviaire rejouent 1995 ; pas les
cheminots. En inaugurant en fanfare hier des formes de grèves inédites, ils ont
pris la mesure de la période sociale et politique inédite.
Les refus
des cadres d’emboîter le pas à la direction de la SNCF en est un signal
puissant : ils n’étaient HIER que 125 dans toute la France à accepter de
suppléer les conducteurs grévistes. Ils ne sont pas seulement blessés par le
tableau apocalyptique du ferroviaire français dépeint par le gouvernement. Ils sont
conscients que l’avenir de ce mode de transport sûr et écologique est un enjeu.
Les cheminots
ne sacrifient pas de leur salaire pour leur seul intérêt personnel. Ne leur
répète-t-on pas en haut lieu – et en se cachant que leur droit à la retraite
sera traité dans un deuxième temps – que ce sont leurs successeurs qui perdront
leur statut. Ils se mobilisent pour l’égalité d’accès au tarin dans les
territoires, pour son coût modéré, pour la qualité du service public trop
sacrifiée aux logiques d’austérité. Ils se battent pour vous, pour nous. Ce qui
fait leur force et l’inquiétude des gouvernants réside dans le basculement
progressif de l’opinion au côté du mouvement, en dépit des reportages rituels
sur la galère des usagers. L’oukase des ordonnances ne fera pas tout si le pays
s’en mêle. Si vous, si nous…
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