« Berezina morale », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
Outre
le goût pour le roulement des muscles, le remilitarisation de l’Europe, la
célébration de la loi du fric et le mépris pour tout ce qui pourrait relever de
la solidarité, les présidents français et des États-Unis partagent bien d’autres
choix politiques, dont la figure du migrant pourrait être le sinistre trophée. Au
Palais Bourbon, on a poursuivi, ce week-end, l’édification d’un autre « mur »
de dispositions légales abjectes. On essaye toujours de saisir l’étrange
logique d’un ministre de l’intérieur qui, entre autres, explique que « le
dispositif national d’asile étant aujourd’hui occupé à 20% par des gens qui devraient
être éloignés immédiatement », la priorité est de multiplier par deux la
durée de détention et de la porter de 45 à 90 jours. On appréciera l’humanité
du même, envisageant, face à ceux que le sort réservé aux enfants offusquait,
de séparer les familles en plaçant ceux-ci à l’ASE, le temps de traitement du
dossier familial, sans parler des femmes enceintes, à l’ère du MeTo.
« Berezina
morale » estime la Cimade, l’organisation chrétienne de défense des
persécutés et déplacés de force, depuis les années 1939 et 1940. Une brèche a
toutefois été ouverte au sujet du délit de solidarité. Les débats ont été
prolongés au-delà du souhait du « maître des horloges ». Des fêlures
apparaissent dans la discipline de caserne du groupe majoritaire. Autant de
raisons pour tous, des citoyens sur le terrain aux associations et jusqu’aux
élus de gauche dans leur diversité, de poursuivre un effort commun, des cols et
des rues de tout le pays au Parlement.
Les migrations,
dont l’Europe et la France « n’accueillent » qu’une infime part, ont
deux sources majeures : la guerre économique, qui laisse un continent
comme l’Afrique à l’état de terre à piller, et la guerre tout court. Les récents
bombardements de la Syrie et maintenant le dossier iranien à la sauce Trump n’apportent
aucune solution aux peuples de la région. À l’opposé de cette politique de la
canonnière, la solution est politique et multilatérale, donc dans un cadre
reconnu et par des voies diplomatiques n’excluant aucun terme de l’équation. La
France s’est toujours grandie quand elle a choisi cette voie.
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