« Chômage et jackpot », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
Qui prospère
sur la dette de l’assurance-chômage ? Ses quelques 35 milliards d’euros
alimentent les rouages d’une véritable machine à cash… qui profite à bien d’autres
acteurs que les sans-travail, révèle le « Rapport intermédiaire »
établi par le groupe d’audit citoyen sur la question. On sait bien que le
recours à l’endettement a servi historiquement à compenser ici les périodes de
faible croissance et création d’emploi. Mais, à l’ère d’un capitalisme sans
frein, la pérennité de ces dernières est la condition même de l’opulence de
beaucoup. Cabinets d’audit ou de comptables du CAC 40 nichés aussi dans les
structures opaques de l’Unédic ; grands noms de la finance française en
affaires avec d’autres requins suisses ; agences de notation
internationales ; chambres d’aiguillage de cet argent – Eurostream,
cousine de la fameuse Clearstream –, et paradis fiscaux…par tous les bouts,
chacun y trouve son intérêt, découvre-t-on à la lecture passionnante de ce
document.
N’oublions
pas le patronat. Quand il s’agit de grisbi, fini le poisson d’avril en forme de
pin’s promettant un million d’emplois. Les milliards d’euros de
suppression ou d’allègement de
cotisations sociales et autres baisses d’impôts ne suffisent pas. La garantie
publique – comme pour les emprunts de l’État ou de la SNCF – sur les
obligations émises par l’Unédic est dans le collimateur : la supprimer
serait pour les rapaces de l’économie de casino le gage de faire sauter la
banque à leur profit exclusif, en spéculant sur la remontée des taux ainsi
ouverte. Geoffroy Roux de Bézieux, candidat à la succession de Pierre Gattaz, n’a
pas assez de mots pour dire son estime du pouvoir actuel. L’idée fait dons son
chemin dans les allées du pouvoir. Le gouvernement s’apprête, lui, à franchir
un cap ce vendredi dans la « réforme », soit durcir encore et encore
la chasse aux chômeurs. Leur culpabilisation est la garantie de rendement d’une
de ces poules aux œufs d’or dont raffolent les faiseurs de bulles financières. Et
de chômage de masse.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire