« Boomerang », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Quand
on veut tuer le service public, on accuse les cheminots. Le rapport du cabinet
Degest que nous commentons dans nos colonnes est clair. C’est l’État qui est
responsable de l’endettement de la SNCF, obligée de recourir aux marchés
financiers avec des surcoûts exorbitants. S’il avait repris la dette du réseau
en 2010, celle-ci atteindrait seulement 7 milliards d’euros. Ce qu’il est
possible d’appeler un contre-rapport établi par des entreprises
particulièrement au fait du fonctionnement de la SNCF met bel et bien en cause
le rapport Spinetta sur lequel est censée s’appuyer la « réforme ». C’est
aussi une confirmation du parti pris du pouvoir. S’est-on seulement soucié de
solliciter les travaux d’experts de diverses sensibilités ? Un rapport a
été demandé à un expert libéral avec pour seul objectif d’obtenir les
préconisations libérales au mépris ou au moins, pour être gentil, en
méconnaissance de données économiques sérieuses telles que celles qui viennent
d’être établies.
En réalité,
le projet du gouvernement est idéologique et politique. Politique, parce que,
avec le conflit qu’il a voulu, en ne tenant aucun compte des propositions des
différents syndicats, il entend bel et bien remporter une victoire susceptible
de lui donner le champ libre pour d’autres réformes allant toutes dans le même
sens. Idéologique, parce que ce qui est en jeu, c’est la notion même de service
public, à la SNCF et ailleurs.
Il est
frappant de constater que l’on retrouve les mêmes mots chez les étudiants pour
qui, à la SNCF comme à l’université, il s’agit d’ « une politique de
destruction du service public », aussi bien que chez les artistes et
intellectuels qui ont lancé hier une cagnotte pour la SNCF qui, en quelques
heures, passait déjà les 200 000 euros pour « défendre un bien
commun, une entreprise de service public ». C’est ce débat qui peut
maintenant s’ouvrir et revenir peut-être en boomerang vers ceux qui espéraient
en faire l’économie, contre les cheminots.
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