« Fable d’outre-Rhin », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
C’était
une fable venue d’outre-Rhin comme on en raconte aux enfants pour les endormir.
En Allemagne, disait encore avant-hier soir une de nos chaînes d’information un
commentateur informé de tout et de n’importe quoi, les relations sociales entre
les syndicats, le patronat et l’État n’ont rien à voir avec ce qui se passe en France.
On n’était pas loin de « tout le monde il est beau, tout le monde il est
gentil ». Çà tombait mal, quelques heures avant, ce qui avait échappé à
tous sur le plateau, on apprenait que la « gréviculture » sévissait
aussi chez nos voisins, et comment ! 800 vols annulés par la Lufthansa,
soit un avion sur deux dans tous les grands aéroports. Avec la grève à Air France,
voilà le ciel qui s’agite. Mais aussi les grèves attendues dans tous les
secteurs de la fonction publique dans les prochains jours, à l’appel de trois principaux
syndicats concernés, pour une augmentation de 6% des salaires.
En
février dernier, dans le secteur privé, les salariés de la métallurgie, avec le
syndicat IG Metall, arrachaient un accord leur ouvrant un droit un droit à la
semaine de 28 heures, et une augmentation de 4,3% sur les 6% qu’ils
demandaient.
Loin
de s’opposer, public et privé s’épaulent
et les syndicats allemands estiment que le temps de la modération salariale est
révolu. On comprend aisément la discrétion observée en France sur ces luttes ou
leurs résultats. On serait très étonné qu’Emmanuel Macron les évoque de son
plein gré jeudi ou dimanche comme un exemple de ce que pourrait être une Europe
des peuples et des travailleurs, comme des services publics.
Car ce
qui s’exprime aussi bien avec la SNCF qu’avec la fonction publique, en France comme
en Allemagne, c’est bien la conviction que les services publics ne sont pas un
coût mais un atout et qu’il ne faut rien céder aux appétits du capital et aux
mirages de la concurrence et de l’efficacité.
On entend
d’un peu partout en Europe de belles paroles sur la montée des populismes et
des extrémismes. Les luttes qui se lèvent et les solidarités qui peuvent se
tisser des deux côtés du Rhin et bien au-delà sont, en plus de leurs objectifs
propres et d’intérêt public, le vrai moyen d’y faire face.
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