« Empoisonnement », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
Le scénario noir se répète. Après
la vache folle, le poulet à la dioxine, les lasagnes à la viande de cheval, les
œufs au fipronil, le lait infantile contaminé à la salmonelle déclenche une
nouvelle crise alimentaire d’ampleur. La bactérie a été détectée en août, l’alerte
seulement formulée en décembre. Les lots de lait ont alors fait l’objet d’un
rappel mais des boîtes se trouvaient encore en rayons il y a quelques jours. L’enchaînement
coupable des faits oblige le gouvernement à réagir, plutôt mollement. Stéphane Travert,
le ministre de l’agriculture évoque « un disfonctionnement majeur »
quand l’affaire révèle des cas d’empoisonnement de nourrissons ! Face à l’accumulation
de mauvaise foi, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « mise en
danger de la vie d’autrui ». C’est la moins que l’on puisse faire et un
comble lorsqu’il s’agit d’entreprises dont la fonction première est de nourrir !
Le problème n’est pas en réalité
de se perdre en conjecture pour trouver qui de Lactalis ou de Leclerc est le
plus coupable. La responsabilité doit interroger un modèle qui a couronné l’agrobusiness
dont tout ce petit monde fait partie. L’industrialisation de l’alimentation a
concentré la nourriture entre les mains de quelques multinationales, de la
graine plantée, dont Monsanto s’arroge la propriété, à la transformation et son
lot de malbouffe, en passant par la distribution, qui dicte les prix et
étrangle les paysans. La nourriture est devenue chair à spéculation. La course
à la rentabilité, dictée par la chier des charges du commerce mondial, a sonné
le glas de la qualité et de la diversité.
L’acte de manger devrait
conforter la vie. Aujourd’hui il rend malade, alimente toutes les pathologies
modernes, obésité, diabète, cancers. Issu de la révolution verte, le système
est devenu tout-puissant mais il est à bout de souffle, contesté, en proie à la
défiance grandissante d’une partie du public qui craint pour sa santé et
cherche les moyens de mettre en marche une révolution. Elle pourrait s’avérer
délicieuse.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire