« Déni d’humanité », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dan l’Humanité de ce jour !
Pinçons- nous bien fort pour y
croire. « C’est un projet de loi totalement équilibré », déclare
Gérard Collomb dans le Parisien d’hier. Il parle, vous l’avez compris, du
projet de loi sur l’asile et l’immigration, dénoncé par toutes les associations
afférentes et bien au-delà, puisqu’apparaissent de plus en plus clairement des
dissensions au sein de la majorité parlementaire. Si l’on peut dire, le
ministre de l’Intérieur passe même aux aveux en confiant : « Il n’est
jamais agréable de passer pour le facho de service. » Et pour cause. Doublement
de la durée de rétention, raccourcissement des délais de recours, intention
affichée d’accroître sensiblement le nombre d’expulsions, instauration du
contrôle des migrants résidant dans les structures d’accueil, etc. : Les
majorités conservatrices n’avaient pas pris de mesures aussi contraignantes,
qui bafouent l’esprit de notre République et ses traditions multiséculaires,
qui entrent en contradiction avec un statut de la convention de Genève datant
de 1951 et nous renvoient loin en arrière dans les références abjectes. De Pasqua
à Sarkozy, les pires droitiers n’avaient pas osé. Emmanuel Macron y va. Et au
pas de charge. Oubliant au passage ses engagements de candidat, quand il louait
l’action d’Angéla Merkel qui, clamait-il, « a sauvé notre dignité
collective en recueillent des réfugiés en détresse ».
Dans ce dossier ultrasensible et
potentiellement ravageur pour le pouvoir, où est précisément la dignité de l’exécutif ?
Le défenseur des droits, Jacques Toubon ne le cache pas : « La
volonté des pouvoirs publics actuels de considérer qu’il existe des bons et des
mauvais migrants, des migrants accueillables et d’autres rejetables par une
sorte de tri, est un erreur absolue. » Tout comme le prix Nobel de
littérature Jean-Gustave Le Clézio, qui pousse un cri de colère dans l’Obs ;
« Comment peut-on faire le tri. Comment distinguer ceux qui méritent l’accueil,
pour des raisons politiques, et ceux qui n’en sont pas dignes ? Est-il
moins grave de mourir de faim, de détresse, d’abandon, que de mourir sous les coups
d’un tyran ? » Les migrants maltraités d’aujourd’hui sont nos parents
ou nos frères d’hier. Qui peut assurer qu’il ne sera pas lui-même un migrant de
demain ?
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire