« 17 ans », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
Elles
et ils n’ont que leurs mains pour se défendre. Et même projetées en oriflammes,
emplies de colère et de rage, mais des cris assourdis par les humiliations
subies dont les échos nous parviennent chaque jour. Depuis leur pays occupé par
les troupes israéliennes, femmes et hommes de Palestine témoignent à leur
manière. Il y a même, parmi eux, les nouveaux visages de la résistance, des
visages poupons à peine sortis de l’enfance, dépourvus de rire et de joie,
comme si leurs traits affichaient déjà les souffrances d’une lutte sans repos,
comme si leurs yeux se muraient dans le désastre.
C’est
cette jeunesse palestinienne que le premier ministre israélien, Benyamin
Netanyahou, veut briser coûte que coûte, quitte à entraver toutes les règles du
droit international en assumant d’enfermer dans ses geôles des prisonniers
politiques mineurs. Des gamins, des gamines. Comme Ahed Tamini, qui aura 17 ans
aujourd’hui et qui, par la grâce des réseaux sociaux, a cessé d’être une simple
résidente du village de Nabi Saleh, en Cisjordanie. Depuis un maudit jour de
décembre dernier, elle a intégré l’iconographie héroïque, avec sa frimousse d’adolescente,
son regard accusateur et ses longs cheveux bouclés. Arrêtée pour avoir bousculé
deux soldats israéliens avec sa petite cousine, elle croupit et attend son
procès dans la prison militaire d’Ofer, en territoire occupé. Ce sont ces mêmes
militaires qui avaient tiré à bout portant dans la tête de son cousin de 15
ans, Mohammed, miraculeusement vivant mais défiguré.
Le procureur
a requis douze chefs d’inculpation contre Ahed Tamini, elle encourt sept ans d’emprisonnement !
Le zèle punitif de l’armée à son endroit rappelle que la jeunesse paie un lourd
tribut. Entre 500 et 700 jeunes sont ainsi jetés en prison chaque jour en
Cisjordanie. Actuellement, au moins 350 mineurs restent emprisonnés dans les
cachots de Netanyahou, la plupart accusés d’avoir lancer des pierres. Ils subissent
des violences physiques lors de leur arrestation, transfert ou interrogatoire. Ils
sont soumis à la torture, à l’isolement. Autant de crimes contre les droits
humains qui s’ajoutent à tous les autres.
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