« Un spectre », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Emmanuel
Macron est-il devenu altermondialiste, s’interrogeait gravement – ironiquement ?– une
de nos chaînes d’info au soir de l’intervention de Davos du président français.
Curieusement, il avait commencé son discours en anglais, « France is back »,
vantant sa réforme du Code du travail, la diminution de l’impôt sur les
sociétés, la mise en place d’une taxe
forfaitaire sur la capital...« La France est réconciliée avec la
mondialisation, l’économie, le succès. » Mais, c’était avec l’air de dire
à la fois une chose et son contraire, pour mettre en garde, en français cette
fois, l’assistance de chefs d’entreprise et d’investisseurs : « La
croissance économique mais une finalité en soi mais un moyen. »
Dans
le même mouvement, il invitait les multinationales à renoncer à l’optimisation
fiscale à tous crins et à défendre les biens communs que sont l’éducation, la
santé, l’environnement. Malencontreusement il oubliait d’évoquer la réduction
par l’Union Européenne de la liste des paradis fiscaux, comme l’idée d’une taxe
sur les transactions financières, mais son propos a atteint un sommet quand il
a invité les pays à « arrêter cette tendance à détricoter le droit social ».
Précisément ce qu’il disait avoir fait au début de son propos.
Les président
n’a pas la langue fourchue, comme le disaient jadis les Indiens de bandes
dessinées. Il sait en revanche ce que risquent aujourd’hui le capitalisme et
cette mondialisation qu’il a fait sienne et dont il est l’un des artisans
aspirant à un rôle majeur. « La mondialisation traverse une crise majeure.
Si nous ne lui donnons pas un sens, les extrémismes gagneront dans dix ou
quinze ans dans tous les pays. » Les extrêmes droites ? Non, plus
surement ces nouvelles gauches qui apparaissent sur la scène du monde, y
compris aux États-Unis, en Grande- Bretagne où le socialisme, le vrai,
redevient une idée neuve. Déjà, la veille, le chef économiste du FMI mettait en
garde contre les risques politiques de l’explosion des inégalités, de la remise
en cause des politiques sociales. Comment continuer sans casser ? Un
spectre hante Davos.
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