« Bisounours », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
L’Europe et les relations
franco-allemandes méritent mieux et exigent plus que la prestation sur les
réseaux sociaux d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron dans le registre des
bisounours, à l’occasion du 55ème anniversaire du traité de l’Élysée.
La signature du traité en 1963, par de Gaulle et Adenauer, était haute de
densité symbolique. Il s’agissait clairement, moins de vingt ans après la fin
de la Seconde Guerre mondiale, soit tout juste une génération, d’ouvrir un
nouveau chapitre d’histoire entre les deux peuples, alors que les terribles
blessures du siècle étaient encore vives. Aujourd’hui, les propos convenus du
duo sur la nécessaire amitié franco-allemande, l’appel lancé à la jeunesse à
faire vivre cette amitié en étant « curieux les uns des autres » ne
font qu’enfoncer des portes ouvertes et sonnent creux au regard des problèmes
actuels de l’Europe.
On a bien compris qu’Emmanuel
Macron entend désormais jouer le premier rôle. Les sociaux-démocrates du SPD
ont approuvé, hier, le principe d’une coalition gouvernementale, mais Angela
Merkel reste fragilisée. C’est peut-être une opportunité pour le président
français, mais pour quoi faire ? On a déjà eu une idée avec son discours
de la Sorbonne. Europe à plusieurs vitesses autour du couple franco-allemand. Recherche
pour les deux pays d’une convergence économique et sociale. Fourchette commune
du taux d’impôt sur les sociétés pour tous. Humanité et efficacité pour les
migrants…Mais chacun de ces points est à mesurer au regard de la politique menée
depuis le début du quinquennat. La convergence sociale, c’est la relecture à la
baisse du Code du travail vers le modèle allemand, qui a déjà produit des
millions de travailleurs pauvres. Le taux d’impôt sur les sociétés, c’est le
passage de 33% à 25%. Les mesures annoncées pour les migrants sont un feu vert
pour les pays d’Europe les plus réactionnaires. Certes, Emmanuel Macron a fait
quelques annonces. Numérique, développement durable, taxe sur les transactions.
Demain, aujourd’hui, l’Europe du capital et de la régression sociale. L’Europe
contre les peuples continue.
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