« France, terre d’asile », l’éditorial de Michel Guilloux, dans l’Humanité de ce jour !
Accueillir, protéger, promouvoir
et intégrer. Ne cherchez pas. Ces verbes ne sont pas les têtes de chapitre de
la future loi immigration mais le titre du message diffusé par le pape François
pour la journée mondiale du migrant et du réfugié, dimanche. « L’histoire
de notre pays et le devoir de notre pays est d’accueillir des gens qui sont
dans la souffrance, les accueillir, tous. » Ne cherchez pas. Cette déclaration
n’est pas du ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, mais du secrétaire
général de la CGT, Philippe Martinez. « Que l’invraisemblable budget qui
sert à alimenter la machine de guerre à travers le monde accorde une part, un
miette seulement pour aider les citoyens des pays en détresse, pour l’eau
potable, l’éducation, la médecine, la création d’entreprises, l’équilibre – la justice. »
Ne cherchez pas. Pareille hauteur de vue ne provient pas de l’Élysée. Elle est
du Nobel de littérature J. M.G. Le Clézio.
Depuis 1989, et la reprise du « seuil
de tolérance » par François Mitterrand, la formule se voulait aussi ferme,
de son premier ministre d’alors, « La France ne peut pas accueillir toute
la misère du monde », est le seul argument de ceux qui s’opposent aux
immigrés à défaut d’avoir une vraie politique d’immigration et d’aide au
développement. Elle n’a servi, jusqu’à des projets tel celui de la déchéance de
nationalité, qu’à accompagner la prospérité de l’extrême droite et d’étroits
calculs d’intérêts qui n’ont rien à voir avec l’avenir du pays.
La France ? Mais de la
vallée de la Roya à Menton, du col de Montgenèvre au village auvergnat de
Bellenaves, de Lyon à Nantes, de Paris à Calais, elle ouvre les bras et les cœurs
à ces hommes et ces femmes, dont nombre d’enfants. Auraient-ils dû faire partie
de ces milliers de noyés en Méditerranée ? Devrait-on les laisser mourir
de froid dans la neige ? Faudrait-il ajouter à la violence des trafiquants
d’une rive celle des nervis de ce côté-ci ? Les bons sentiments n’ont rien
à faire ici. Quelle France et quelle Europe si l’accueil se résumait au tapis
rouge pour les expatriés de la City ou pour les rois de l’ubérisation sauvage
et, pour les autres, tous les autres, qu’ils soient étrangers, chômeurs,
lycéens, une seule méthode : le tri.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire