Convoi des 31 000 et 45 000 : « Hommage samedi 20 janvier » (Robert Clément)
Samedi
nous rendrons hommage aux victimes des convois des 31 000 et 45 000,
à 10 h 15 à la Mairie de
Romainville et à 11 h au Fort de Romainville. Mardi, je participais à la
conférence de Thomas Fontaine sur l’histoire des femmes résistantes au
Fort de Romainville. Rencontre initiée par la fédération du Parti
communiste de la Seine-Saint-Denis. 140 personnes y participaient.
L'historien Thomas Fontaine a redonné dans sa passionnante
conférence toute l'importance de cette histoire. Il a montré que le fort
était le bon site pour un musée de la résistance des femmes. C'est au fort
que sont conservés les graffitis gravés par les prisonnières. C'est de là
que sont parties 3800 résistantes vers les camps de la mort. 75 ans après le
premier convoi des femmes les participants ont dit leur volonté de voir naître
un musée pour transmettre cette histoire héroïque et rendre les femmes
visibles aussi dans l'imaginaire collectif.
Thomas
Fontaine fit référence à son ouvrage « les oubliés de Romainville ».
Je me suis souvenu. C’était au début de l’année 2003. Nous évoquions au Conseil
général un partenariat portant sur un travail de recherche concernant le Fort
de Romainville. C’est ainsi que Thomas FONTAINE a été missionné pour le diriger
avec Denis PESCHANSKI et Claudine CARDON-HAMET.
C’est le 17 mai 2005, qu’Hervé BRAMY, alors Président du Conseil
général, présentait ce travail de recherche sous la forme de cet ouvrage :
« Les oubliés de Romainville. Un camp allemand en France (1940-1944). Dans
la présentation de cette publication, Thomas FONTAINE écrit : « On a
oublié le Fort de Romainville. Les camps de Compiègne pour les résistants et
les « politiques » et de Drancy « pour les juifs »,
symbolisent aujourd’hui l’internement et
la déportation dans la France occupée. Mais qui se souvient qu’en 1940, les
Allemands installèrent à Romainville un de leurs principaux camps
d’internement. ». J’y ajoute, pour ma part un élément. Après la
libération, une première plaque a été
apposée à l’entrée du Fort, sur laquelle on peut lire : « Ici ont été
internés du 1er novembre 1940 au 20 mai 1944, plus de 3900 femmes et
3100 hommes avant leur déportation dans les camps de concentration et les
forteresses d’où la plupart ne sont pas revenus. 152 fusillés ont vécu dans ce
fort leurs dernières heures avant leur exécution. » Une seconde plaque fut
apposée en 1992 sur laquelle il est écrit : le 20 septembre 1942, au 150ème anniversaire de la bataille de Valmy, les
autorités d’occupation désignaient 116 otages. Le lendemain 46 d’entre eux,
pris dans le fort étaient fusillés au Mont Valérien et les 70 autres vers
Bordeaux. C’était il y a 50 ans. Il y manquait cependant ce qu’écrit Thomas
Fontaine dans son ouvrage : « De là partit, le 24 janvier 1943, le premier
convoi de résistantes et de prisonnières politiques envoyées à Auschwitz, celui
des « 31 000 ». C’est pour cette raison, avec retard sans doute,
qu’en 2002, nous avons décidé, avec les Maires des Lilas et de Romainville, et
en accord avec les associations de résistants et de déportés, d’apposer une troisième plaque commémorative à
l’entrée du fort. Elle fut inaugurée pour le 60ème anniversaire du
départ du convoi et sur laquelle il est indiqué : « Le 24 janvier
1943, du fort de Romainville 230 femmes, résistantes, arrêtées par la police du
gouvernement de Vichy, livrées à la gestapo partirent pour Auschwitz. Le 25
janvier 2003, nous leur rendons hommage. Cette plaque porte la signature des
Maires des Lilas, de Romainville et du Président du Conseil général. L’histoire
de Romainville est, depuis la libération, intimement liée à celle du fort. Je
n’oublie pas ici, nos camarades et amis des Lilas. À la libération les héroïnes
de la résistance de cette époque, firent don de la statue de Danielle Casanova,
œuvre du sculpteur Georges SALENDRE, à Romainville. La commune, se trouvait de
ce fait, investie d’un devoir de pérennité. La statue de Danielle Casanova sera inaugurée le 24 janvier
1956 par Pierre KÉRAUTRET, le premier maire communiste de Romainville, en
présence de madame PÉRINI, la mère de Danielle. Les communistes de Romainville,
n’ont pas oublié non plus qu’aux côtés de Danielle CASANOVA, de Marie-Claude
VAILLANT-COUTURIER, de Maï POLITZER, de Charlotte DELBO, de Madeleine ODRU, de
Francine FROMONT, de Jacqueline QUATREMAIRE se trouvaient aussi deux
romainvilloises, Gabrielle ÉTHIS et
Henriette PIZZOLI. C’est dire si les
communistes de notre ville, et beaucoup d’autres avec eux, se réjouissent de de
la décision qui vient d’être prise. Si nous nous faisions un devoir de
commémorer chaque année, en janvier et en avril, ces femmes, ces héroïnes éprises de liberté,
nous avons toujours accompagné ces commémorations, de notre demande de
création, au fort de Romainville, d’un mémorial rattaché au Musée national de
la résistance. C’est à l’occasion de la cérémonie d’hommage du 50ème
anniversaire du départ du convoi, le 25
janvier 1993, que cette exigence fut exprimée fortement. Marie- Claude
VAILLANT-COUTURIER et Madeleine ODRU y étaient présentes. En 2000, le Conseil
général demandait le classement du fort de Romainville. La réponse fut
négative, le ministère de la défense étant propriétaire du fort. Ce sont
également, les nombreuses expositions, la publication d’ouvrages :
« Femmes et hommes de Romainville, de la résistance à la libération »
publié en 1999 par la ville de Romainville. L’ouvrage « Résistantes,
résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire » édité en
2004 par le Conseil général. Mais c’est surtout, l’action inlassable des
résistants, des déportés, de leurs associations, de toutes celles et tous ceux profondément
attachés au travail de mémoire et de la transmission de l’histoire, qui aura
permis que se réalise ce pourquoi nous nous battons depuis tant d’années, à
savoir la décision de créer un lieu de mémoire de la résistance des femmes au
fort de Romainville. Comme en écho, aux multiples interventions et actions,
qu’il aura fallu mener, nous reviennent ces mots de Danielle Casanova, dans sa
dernière lettre avant le départ à Auschwitz : « Nous ne
baisserons jamais la tête. Nous ne
vivons que par la lutte… ». Dans le moment politique d’aujourd’hui, dans
un monde dangereux et angoissant, où des
femmes, des hommes des enfants fuient les guerres et les persécutions. Alors
que l’extrême droite, mais pas seulement, portent la haine, de rejet des
autres, le racisme, l’antisémitisme en France comme en Europe. Alors que se
poursuivent sournoisement, des campagnes mettant en doute l’engagement des
communistes dans la résistance, la création de ce lieu constituerait un outil
extrêmement important pour faire vivre la nécessaire vigilance, des jeunes tout
particulièrement. Ils pourront ainsi s’approprier tout à la fois ces terribles
pages de notre histoire et les valeurs de liberté, de fraternité et de
solidarité, si nécessaires dans les temps présents.
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