Planète capitaliste contre Humanité (Patrick Le Hyaric)
À la veille
de la réunion du G7, de violents spasmes secouent la planète capitaliste. Ils
peuvent être annonciateurs du pire à courte échéance. Durant tout l’été de
nombreux spécialistes ont appelé à « changer de système » pour
conjurer le réchauffement climatique. S’y ajoute depuis quelques jours, des
secousses sur les bourses mondiales, les effets néfastes de la guerre
commerciale qu’attise M. Trump contre la Chine et l’Europe, un risque d’entrée
de l’Allemagne en récession alors qu’elle était présentée voilà peu comme
l’exemple à suivre. Des signes indiquent que les Etats-Unis prennent le même
chemin, tandis que l’économie chinoise ralentit et que l’Union Européenne
s’avère incapable de sortir du marasme. Des chocs et des tensions secouent
l’Italie, Hong-Kong, l’Argentine, le Royaume-Uni, et les pressions
nord-américaines sur l’Iran enveniment la situation alors que la
poursuite des frictions et guerres dans tout le Moyen-Orient dessinent un
paysage très inquiétant. Les batailles intra-capitalistes entre firmes et fonds
financiers, mais aussi entre Etats qui les soutiennent, sont grosses de
dangers. Des Etats-Unis à l’Inde, du Brésil au Royaume-Uni, de la Turquie à
Israël ou de Russie un inquiétant nationalisme capitaliste progresse, doublé
d’une abominable reprise de la course aux armements.
Et voici que
depuis plusieurs semaines les banques centrales se sont mises à créer plus de
monnaie pour la mettre à la disposition des banques à des taux d’intérêts
négatifs. Comme si on les payait pour qu’elles empruntent. L’objectif affiché
est de leur permettre de prêter de l’argent aux entreprises pour relancer
l’économie. Ce pourrait d’ailleurs être une bonne nouvelle si ces énormes
sommes servaient à initier un nouveau développement durable, s’inscrivant dans
une transition écologique, riche en emplois, combinée avec d’indispensables
formations, une meilleure rémunération du travail, une réduction du temps de
travail, une rénovation des services publics, une garantie à chacune et chacun
d’accès à des logements de qualité à prix raisonnables, un financement
de nouveaux projets innovants pour les transport de demain ou le
développement numérique.
En vérité,
cet argent « gratuit » sert aux banques, aux assurances et aux fonds
financiers à acheter des dettes d’Etat et de grandes entreprises. Celles-ci
sont estimées à l’échelle du monde à la bagatelle de 15 000 milliards de
dollars. Ce capital est placé comme valeur refuge ou spéculative, ce qui
permettra à la finance d’accroître demain sa pression sur les Etats pour exiger
des rendements supplémentaires qui se paieront en réduction de services
publics, de protection sociale ou du montant des retraites. Et les épargnants
ne gagnent strictement plus rien puisque les taux de rémunération sont quasi
nuls.
En revanche,
les distributions de dividendes et les rachats d’actions prospèrent quand
l’économie est au bord de l’asphyxie, et que les gouvernements en Europe et
ailleurs détruisent un à un les conquis sociaux, sans déployer aucun effort
pour l’environnement. Dix ans après la crise financière de 2008, aucune leçon
n’a été retenue. De monstrueuses bulles financières et immobilières sont en
cours de formation sans création de richesses équivalentes. Décidément, la
finance est une matière noire menaçante pour l’humanité. Il est de capitale
urgence de la mettre au pas en empêchant la spéculation, en orientant l’argent
vers le travail et l’éducation, vers la transition environnementale et de
nouveaux services publics démocratisés. Se pose avec force la question
d’affronter la malfaisance d’un capital de plus en plus financier pour sauver
l’humanité des périls qui la menacent. Les banques et compagnies d’assurance ne
devraient-elles pas être propriétés publiques sociales et citoyennes pour
mettre l’argent au service du bien commun ? Dans quelques semaines la fête de
l’Humanité dont il faut assurer le succès sera le lieu de ces débats.
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