« Carcans », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Trois
quarts de siècle après Hiroshima que l’on commémore aujourd’hui et Nagasaki qui
suivit, on pouvait penser que le docteur Folamour du film de Kubrick ne
sortirait plus des ciné-clubs ou des « trop rares) rediffusions télé. C’était
optimiste. On compte toujours dans le monde, essentiellement réparties entre
les Etats-Unis et la Russie, quelque 14 000 têtes nucléaires stratégiques,
c’est – à – dire à longue portée. La France, le Royaume-Uni, la Chine, l’Inde,
le Pakistan, la Corée du Nord maîtrisent désormais la bombe. Israël et l’Afrique
du Sud auraient procédé à des essais secrets et l’Iran pourrait reprendre son
programme si la tension actuelle avec les États-Unis et le Royaume-Uni ne
baisse pas. Les arsenaux existants ont toujours le pouvoir de faire de la
planète un tas de cendres.
La dénonciation
par les États-Unis, dans une partie de poker menteur avec la Russie, du traité
de 1987 interdisant les forces nucléaires de portée intermédiaire vient réduire
à rien des décennies où la raison et les peuples avaient semblé l’emporter. Les
missiles stratégiques impliquent un équilibre de la terreur. Le premier qui
prendrait l’initiative d’une frappe serait assuré d’une frappe en retour. Les missiles
intermédiaires, d’une portée comprise entre 500 et 5500 kilomètres avaient été
déployés en Europe à partir de 1976 SS 20 soviétiques et Pershing américains. Ils
ouvrent à l’emploi de l’arme nucléaire sur des terrains d’opération, en
théorie, limités.
Qui peut dire aujourd’hui, au vu de l’état du monde, que pas
un pays n’oserait y recourir ? La menace ultime est de retour, d’autant
plus que le traité Start III limitant les armements stratégiques expire en 2021
et que les États-Unis, aujourd’hui, considèrent ces traités comme des carcans
qui ne sont pas de leur intérêt. La France, par le canal du ministère des
Affaires étrangères, a regretté hier qu’une solution n’ait pu être trouvée pour
garantir le traité. On n’a rien entendu, curieusement, quand, en février
dernier, le commandement intégré de l’Otan dont elle fait partie, a anticipé la
décision américaine.
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