LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 6 août 2019

« Carcans », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Trois quarts de siècle après Hiroshima que l’on commémore aujourd’hui et Nagasaki qui suivit, on pouvait penser que le docteur Folamour du film de Kubrick ne sortirait plus des ciné-clubs ou des « trop rares) rediffusions télé. C’était optimiste. On compte toujours dans le monde, essentiellement réparties entre les Etats-Unis et la Russie, quelque 14 000 têtes nucléaires stratégiques, c’est – à – dire à longue portée. La France, le Royaume-Uni, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord maîtrisent désormais la bombe. Israël et l’Afrique du Sud auraient procédé à des essais secrets et l’Iran pourrait reprendre son programme si la tension actuelle avec les États-Unis et le Royaume-Uni ne baisse pas. Les arsenaux existants ont toujours le pouvoir de faire de la planète un tas de cendres.

La dénonciation par les États-Unis, dans une partie de poker menteur avec la Russie, du traité de 1987 interdisant les forces nucléaires de portée intermédiaire vient réduire à rien des décennies où la raison et les peuples avaient semblé l’emporter. Les missiles stratégiques impliquent un équilibre de la terreur. Le premier qui prendrait l’initiative d’une frappe serait assuré d’une frappe en retour. Les missiles intermédiaires, d’une portée comprise entre 500 et 5500 kilomètres avaient été déployés en Europe à partir de 1976 SS 20 soviétiques et Pershing américains. Ils ouvrent à l’emploi de l’arme nucléaire sur des terrains d’opération, en théorie, limités. 

Qui peut dire aujourd’hui, au vu de l’état du monde, que pas un pays n’oserait y recourir ? La menace ultime est de retour, d’autant plus que le traité Start III limitant les armements stratégiques expire en 2021 et que les États-Unis, aujourd’hui, considèrent ces traités comme des carcans qui ne sont pas de leur intérêt. La France, par le canal du ministère des Affaires étrangères, a regretté hier qu’une solution n’ait pu être trouvée pour garantir le traité. On n’a rien entendu, curieusement, quand, en février dernier, le commandement intégré de l’Otan dont elle fait partie, a anticipé la décision américaine.

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