« Une terre pour l’humanité », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Le constat
du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat fait frémir. Sans
une gestion durable des sols, le réchauffement climatique s’accélérera,
amplifiant les désertifications, et l’alimentation de l’humanité sera menacée. La
déforestation, la dégradation des sols jusqu’à l’épuisement, le gaspillage de l’eau,
l’usage massif des pesticides et les choix de l’agro-industrie génèrent de
lourds dégâts. Le mode de production et de consommation nous précipite dans une
impasse.
« L’humanité
épuise la terre », titre doctement le journal le Monde de vendredi. « L’humanité » ?
Comme si les habitants des favelas de Rio avaient une responsabilité dans le
déboisement de l’Amazonie, comme si les choix de remplacer les cultures
traditionnelles par l’huile de palme ou la monoculture du soja émanaient des
salariés indonésiens ou américains, comme si la dévolution de champs pour
fabriquer des agro-carburants était la décision des habitants de Saint-Denis ou
de Sens ! Ce qui épuise la terre, c’est la course forcenée au profit, les
court-termisme des multinationales, une mondialisation qui exacerbe les concurrences
et les gâchis. Le capitalisme et son « talon de fer », comme l’écrivait
Jack London.
L’enjeu
pour que la planète reste vivable est bien de battre en brèche les logiques
économiques dominantes, par exemple celles qui codifient les accords de
libre-échange qui privilégient les productions à bas coûts, les exploitations
géantes, les transports polluants et la généralisation de la malbouffe. Il s’agit
de tout autre chose que de manger un peu moins de bœuf ou de magret de canard !
le défi consiste, ni plus ni moins, à donner un nouveau cours au développement
de l’humanité et de le construire obstinément en favorisant l’essor d’une
agriculture à taille humaine, basculant vers des productions écologiquement
maîtrisées, dans une économie émancipée des gaspillages, des énergies carbonées
et des concurrences généralisées. Bel horizon !
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