« Les mots creux », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Paris
redevenait Paris avec ses barricades, les grèves de cheminots, les FFI au
combat dans les rues, l préfecture de police aux mains de policiers résistants,
les troupes nazies acculées…L’appel à l’insurrection, lancé le 18 août 1944 par
le chef régional des FFI, le colonel Rol-Tanguy, redonnait à la ville son rang
de capitale et à la France le droit de parler parmi les vainqueurs. En dépit
des tergiversations de Londres, cette décision audacieuse était la bonne et la
2e DB de Leclerc, fonçant prêter main-forte en dépit des consignes,
venait conforter les résistants et la population parisienne. Soixante-quinze
ans plus tard, cet élan mérite d’être salué pour ce qu’il fut.
La liesse
de la libération ne se comprendrait pas sans qu’on rappelle le poids de plomb
et de sang des années qui se terminaient, les sordides collaborations qui
avaient allié l’extrême droite et la majorité du patronat, les hommes de sac et
de corde de la milice et les politiciens réactionnaires. Paris avait eu faim,
Paris avait eu froid. Et mal. Fusillés, déportés, torturés…la liste était
interminable. Mais l’esprit de résistance de ce peuple insurgé ne se nourrissait
pas seulement de souffrance. Il puisait dans l’espérance des Jours heureux, d’une
nouvelle ère de justice et d’égalité, de progrès social et de démocratie.
C’est
ainsi qu’ils entendaient « embrasser l’avenir », pour rappeler la
formule du président de la République, samedi, lors de la commémoration de la
libération de Bormes-les Mimosas. Les mots d’Emmanuel Macron en paraissent plus
dérisoires, alors qu’il y a plaidé pour une réforme des retraites qui met en
cause le souffle social du Conseil National de la Résistance, qu’il brade les
nationalisations qui unirent gaullistes et communistes, réduit les droits des
chômeurs et refuse un accueil digne des immigrés, « et nos frères pourtant ».
Des mots creux, des formules lessivées, des phrases trompeuses.
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