« Faire face », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
À l’heure
où nous sommes, cinq cents personnes, hommes, femmes et enfants, sont toujours
interdites de débarquer dans nos ports. Ce sont bien nos ports, qu’il s’agisse
de ceux d’Italie, de France ou d’ailleurs. Les ports de l’Europe. Oh, il ne
manque pas de ces belles âmes qui s’indignent et montrent du doigt ceux qui
refusent cet accueil pour le refuser elles-mêmes en poussant des cris d’orfraie
devant la montée des extrêmes droites et la dérive des droites.
Oui,
les frontières sont de plus en plus poreuses entre les unes et les autres. Italie,
Croatie, Pologne, dans plusieurs pays, dans des capitales comme Madrid, on se
parle sans complexe, on négocie sans vergogne pour de nouvelles coalitions de
plus en plus xénophobes, réactionnaires, se réclamant du peuple pour mieux
tromper les peuples. La France n’est pas à l’écart. On ne parle pas seulement
ici de la façon dont une personnalité comme Marion Maréchal est choyée par trop
de médias, comment des idéologues comme Zemmour ou Patrick Buisson font l’objet
d’une promotion éhontée. On parle aussi, autrement, de la façon dont le champ
politique et démocratique a été « nettoyé » pour le laisser libre au
déploiement du Rassemblement national et à la machine politique du président de
la République.
Le calcul
politicien est dangereux et mensonger. Car la politique de la France, de la France
dans l’Europe, la politique de l’Europe sont grosses de ces dérives. Les ports
fermés à la détresse alimentent les replis identitaires. Les inégalités
fiscales et sociales, le déni généralisé de démocratie et de transparence
génèrent les frustrations et les colères des peuples, redoublées quand des
accords, comme ceux du Ceta et du Mercosur, inquiètent à juste titre des
secteurs entiers. États-Unis, Brésil, Europe, Russie…le monde est entré dans
une période de tension extrême sous la menace d’une véritable régression de
civilisation. Il n’y a pas d’accommodements possibles, ni de calculs
politiciens. La France peut faire face si elle renoue avec une vraie politique
de justice, de progrès et d’accueil. Est-il besoin de dire que nous en sommes
très loin ?
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