« Contagion », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !
Impressionnante
contagion. Entamée le 18 mars à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris, la
mobilisation des urgentistes prend une ampleur inédite. Ni la torpeur estivale
ni les mesurettes du gouvernement n’auront réussi à entamer la détermination des
soignants. Au contraire. En cette fin août surchauffée, quelques 220 services –
sur 640 établissements en France – ont rejoint le mouvement de grève. Soit deux
fois plus qu’à la mi-juin lorsque Agnès Buzyn annonçait le déblocage de 70 millions
d’euros pour tenter d’apaiser la colère…C’est dire combien les annonces de la
ministre de la Santé ont convaincu.
L’enveloppe
budgétaire, qui devait notamment servir à recruter des renforts estivaux afin « qu’il
n’y ait de trous dans les lignes de garde », ne pouvait avoir que l’effet
d’un pansement sur une fracture ouverte. Faut-il le rappeler ? En vingt
ans, la fréquentation des urgences a plus que doublé (21,4 millions de passages
en 2017) et continue de grimper de 3% par an. Dans le même temps, les Diafoirus
de la « rationalisation de l’offre de soins »ont supprimé 10 000
lits dans les hôpitaux, laissant s’enkyster des conditions d’accueil et de
travail déplorables, ainsi qu’une pénurie gravissime de praticiens. À l’heure
actuelle, un quart des postes de médecins urgentistes à plein temps sont vacants,
près de la moitié chez ceux à temps partiel.
Aucune
surprise derrière ce constat alarmant. Il est l’une des conséquences – bien connues
– des politiques de regroupement et de concentration des hôpitaux, entamée
depuis une décennie, au nom de la rentabilité et de la « maîtrise
budgétaire » du service public hospitalier. Un carcan austéritaire que les
personnels voudraient bien desserrer en obtenant l’arrêt des fermetures de
lits, la création de 10 000 postes et une revalorisation salariale de 300
euros. Pour l’instant, Agnès Buzyn joue la montre autant que le déni. Elle promet
de nouvelles mesures dans la foulée du rapport qui doit lui être remis fin août…tout
en répétant que la réponse à la crise des urgences n’est pas une question de « moyens »
mais « d’organisation ». les grévistes l’auront compris : la
contagion des luttes reste plus que jamais nécessaire
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