« L’économie en armes », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
L’escalade
se poursuit, tweet après tweet, sanctions après sanctions. Donald Trump a lancé
une guerre économique qui ajoute, désormais, aux fronts commerciaux des
conflits monétaires. Le président américain vise d’abord la Chine et son
ascension. La puissance asiatique n’est plus un pays dont la main – d’œuvre à
bas coût pouvait être mise en coupe réglée. Elle est devenue une puissance
ambitieuse et non un simple objet de la mondialisation. La Maison-Blanche s’est
lancée dans un jeu dangereux pour faire plier Pékin, la soumettre aux règles de
« l’Amérique d’abord », avant d’intensifier ses pressions sur l’Europe.
Le monde
est confronté à tout autre chose qu’aux seules foucades d’un président
lunatique ou à ses efforts pour conserver l’électorat de le « ceinture
rouillée » qui décidera sans doute de la prochaine présidentielle. Une stratégie
impériale, impérialiste est à l’œuvre, qui ambitionne une domination mondiale
restaurée.
L’addition
peut en être lourde. La Chine en paierait le prix mais sa croissance entravée
affecterait toutes les économies mondiales. L’enchaînement des représailles
menace aussi les États-Unis, dont les bons du Trésor sont massivement détenus
par des fonds chinois. Les secousses peuvent mettre à bas le système financier
international, si fragile et bâti sur des bulles encore plus considérables que
celles qui avaient conduit au krach de 2008. Qui peut croire que les emplois
français en sortiraient indemnes ?
La montée
des périls se traduit aussi par des menaces guerrières, comme celles d’installer
des missiles américains à moyenne portée à proximité de la mer de Chine. Danger !
Alors que le traité international sur les forces nucléaires intermédiaires
vient d’être déchiré par Washington. Les tensions croissantes à Hong Kong ne
sont pas sans rapport avec ce climat.
Les roulements
de biceps peuvent mal finir. Pendant ce temps-là, Paris se tait et Bruxelles
tremble. En économie, la guerre fait toujours des morts.
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