JAURÈS OU L’HUMANITÉ EN JOURNAL (PIERRE SERNA)
Il y a 115 ans, commençait une aventure, toujours vivante, celle
qu’inventèrent Jean Jaurès et ses camarades, dont nous sommes les héritiers et
simples passeurs aujourd’hui. C’est aussi pour lui que nous allons combattre,
et sauver le journal qu’il a confié aux générations suivantes, fixant l’horizon
d’un idéal toujours devant nous. Pour son journal, construit pour les ouvriers,
il voulait le meilleur des idées, des nouvelles du monde, des analyses
économiques, sociales, politiques, mais aussi, dès le premier numéro, des
informations culturelles.
Jaurès affirme que le journal est « en communication constante avec tout le
mouvement ouvrier, syndical et coopératif ». L’éditorial soutient que les pages
doivent porter « la largeur même et le mouvement de la vie (qui) nous mettront
en garde contre toute tentation sectaire et esprit de coterie ». Il fixe
l’objectif du journal : « C’est par des informations étendues et exactes que
nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre
et de juger elles-mêmes les événements du monde. »
C’est ce même homme qui, quelques années auparavant, à partir de janvier
1898 fit opérer à la gauche prolétarienne le tournant décisif en se mêlant de
l’affaire Dreyfus, qui n’était pas qu’une affaire de classe entre bourgeois
mais une question d’injustice, posant la cause de l’humanité au centre du politique.
À ce moment-là, Jaurès fut la conscience vivante de la gauche la plus humaine,
la gauche la plus généreuse, la plus philanthrope et éclairée par la
philosophie des Lumières et mûrie par toutes les leçons de la Révolution
française.
Jaurès incarna le premier dans cette gauche radicale, combattant aux côtés
des prolétaires, la conscience supérieure de ce que devait être le combat pour
l’humanité humiliée et dégradée. C’est cet esprit qui encore aujourd’hui anime
l’Humanité. Le combat demeure identique, comme au premier jour de la fondation
de la République, le 21 septembre 1792, décrit de façon sublime par Jaurès. Le
fondateur de notre journal évoque « l’émotion inconnue », « la nation
vaillante », « l’humanité incertaine », mais aussi « un immense horizon
splendide et âpre, un champ presque illimité d’espérances et d’épreuves, de
libertés et de combats ». La vie est devant nous. Que vive l’Humanité !
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