« Trouble », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain jeudi !
Bien naïfs celles ou ceux qui pensaient qu’Emmanuel Macron avait tiré un trait définitif sur les petites phrases en forme de provocation. « Il faut dire maintenant que lorsqu’on se rend dans des manifestations violentes a – t – il asséné mardi, on se rend complices du pire». Il faut le dire « maintenant »! Après avoir affecté la compréhension, voire même l’empathie envers les revendications et la colère des gilets jaunes le président pense le moment venu de taper.
C’est au prix d’une manipulation du langage. Les
gilets jaunes ne se rendent pas à priori et par choix dans des manifestations
violentes par essence. Ils manifestent et la masse d’entre eux est étrangère
aux actions des casseurs. On le sait mais Emmanuel Macron a décidé de faire
semblant de l’ignorer. Alors que les sondages le créditent d’une légère
remontée due pour l’essentiel à l’opinion de droite, il a choisi d’accélérer le
tempo. La grande séquence du Salon de l’agriculture s’est si bien déroulée que
cela tient du miracle ou d’une excellente organisation. Elle est censée marquer
une grande communion avec la France rurale, la vraie. La diffusion des photos
d’un Emmanuel Macron en jeans agenouillé près de SDF est censée exprimer son
attention à ceux qui souffrent vraiment…
C’est une vraie story-telling dit-on dans les
milieux de la communication, en clair un scénario bien au point dont il faut
dire qu’il semble séduire nombre de commentateurs empressés à remettre leur pas
dans ceux du président. Dans le même temps, le grand débat est salué comme la belle
idée dont la réussite mettrait directement en communication le pays et sa
personne. Que faire dans ces conditions des partis, des élus de la nation et
des syndicats. La séquence compassionnelle de la maraude est inquiétante qui
fait l’impasse sur une politique dure aux plus modestes et aux pauvres.
Instrumentalisation de la violence, accusations généralisées d’antisémitisme et
amalgames avec l’antisionisme, manipulation du langage, démagogie indécente…Il
y a du trouble dans la démocratie.
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