« PAROLES, PAROLES », L’EDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITE DE CE JOUR !
La question sociale ne
cesse de grandir à mesure que le gouvernement tente de la mettre à
l’écart.
Un peu comme dans une pièce de Ionesco, Amédée ou comment s’en débarrasser,
la question sociale ne cesse de grandir à mesure que le gouvernement tente de
la mettre à l’écart. On a bien compris dès les premiers jours la stratégie
d’Emmanuel Macron. Répondre à tout pour, sur le fond, ne répondre à rien. On a
noté les efforts affligeants des ministres Emmanuelle Wargon et Sébastien
Lecornu pour assurer que tout allait pour le mieux dans le meilleur des débats.
Édouard Philippe, très occupé à vanter les résultats anticipés de la baisse de
la vitesse, en profitait sur France Inter pour redire au passage que la
suppression de l’ISF n’était pas discutable.
Non seulement il s’agit de se débarrasser des questions sociales alors même
qu’elles sont au cœur des témoignages que nous publions, mais il s’agit de
botter loin en touche, voire de retourner les questions. Des thématiques comme
la baisse du nombre des élus, si elles sont à certains égards populaires,
servent les desseins présidentiels dans une conception de plus en plus
autoritaire. Disons-le à ce propos, en passant, il n’y a pas de contradiction
entre le « grand débat » et l’usage disproportionné de la force. Emmanuel
Macron espère toujours passer sur les corps intermédiaires, dont en premier lieu
les syndicats, pour entretenir avec le pays une relation de chef d’entreprise
et de père Fouettard. C’est ça aussi, le populisme.
C’est risqué. La parole ne se donne pas, elle se prend et nombre de gilets
jaunes le disent sans ambages. Ils n’en ont que faire du bla-bla où l’on feint
de ne pas entendre les questions qui sont déjà posées. Car la parole,
précisément, ils l’ont déjà prise. Mais ils ne sont pas les seuls. La CGT et
d’autres appellent à la grève mardi prochain et ce qu’on lit dans les témoignages
que nous publions aujourd’hui, c’est une souffrance profonde qui traverse la
société française et est grosse de colère. Emmanuel Macron veut, dit-il
réinventer le modèle français. Il y a des inventions qui échappent aux
inventeurs, des débats qui débordent, des paroles qui prennent vie.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire