« L’extrême droite à la tête de l’Europe », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !
Trois
naufrages et près de 180 morts en cinq jours. Le sinistre compteur du cimetière
méditerranéen n’en finit plus de tourner. Derrière les chiffres, autant de
prénoms, de visages, d’histoires de vie qui en cherchaient une meilleure. Voilà
la réalité de « cette Europe qui protège », comme ose le prétendre
celui qui vient de prendre la tête de l’Union européenne : le chancelier
autrichien Sebastian Kurz, qui gouverne avec le FPÖ, allié de Marine Le Pen. L’extrême
droite guidera donc les pas de l’Union européenne pendant les six mois à venir.
Monstrueux symbole…d’autant qu’il n’est pas isolé. En Allemagne, Angela Merkel
vient de céder aux ultraconservateurs bavarois et prévoit de renvoyer les
réfugiés dans des camps d’internement. En Italie, Matteo Salvini, qui s’était
déjà illustré en proposant de ficher les Roms, souhaite, désormais, en assumant
la référence, créer « une ligue des ligues », en Europe, pour réunir
les partis qui « veulent défendre leurs frontières ». Quant à la France,
le constat n’est guère plus reluisant. La rétention des mineurs a augmenté de
70% l’an dernier pour atteindre un sinistre « record » de 304 enfants
enfermés. L’ambassadeur de France en Hongrie, Éric Fournier, vante les
politiques du fasciste hongrois Viktor Orban, « un modèle ayant su
anticiper les problèmes posés par les mouvements migratoires illégaux »…
Voilà
l’Europe dont a accouché le couple franco-allemand, dans un violent retour de
boomerang. Enfoncer durablement les peuples européens dans une crise économique
et démocratique menait à l’impasse. Nous t sommes. Mais si guérir l’Europe de
ses fièvres xénophobes ne se fera pas d’un coup de baguette magique, l’histoire
n’est pas terminée. Avec les élections de 2019, l’occasion sera historique de
ne pas laisser l’extrême droite réécrire une nouvelle page de l’histoire
européenne. Jamais le besoin d’alternatives n’a été aussi fort. La réplique
peut venir des forces progressistes pour peu qu’elles s’unissent et renoncent à
leurs égoïsmes de chapelle. Il reste un an. C’est court, mais c’est encore
possible.
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