« Dialogue social et faux semblants », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Sur la
forme, le président de la République a concédé un point aux syndicats en les
recevant ensemble, hier, avec les organisations patronales. Du jamais-vu dans
ce quinquennat, après l’autoritarisme d’une première année durant laquelle les « corps
intermédiaires » ont été souverainement méprisés, réduits au rôle de
faire-valoir des « réformes « du Château. Étiqueté « président
des riches », Emmanuel Macron a besoin de se montrer davantage à l’écoute
des attentes de la société, laquelle ne se résume pas aux « premiers de
cordée ». Quitte à rétablir avec les syndicats, qu’il s’était efforcé de
délégitimer, dans leur rang d’acteurs incontournables de la vie sociale.
Ces derniers
affaiblis, tant par le rouleau compresseur macronien que par leurs divisions
encouragées et entretenues par l’art de la manœuvre hollandiste durant le
quinquennat précédent, auraient tort de bouder leur plaisir devant le
revirement présidentiel. Sur le fond, pourtant, les motifs d’inquiétude
demeurent plus forts que jamais.
Derrière
un faux-semblant de dialogue social, le chef de l’État entend imposer son
agenda et ses objectifs pour « jeter les bases d’un nouveau contrat social »,
comme il l’a annoncé au Congrès du Parlement, à Versailles, le 9 juillet. La négociation
imposée des règles de l’assurance-chômage s’inscrit dans cet acte 2 des « réformes
présidentielles ». Il s’agit, selon Emmanuel Macron, de « tirer
toutes les conséquences » de la suppression des cotisations chômage des
salariés, remplacées par le CSG, qu’on nous avait vendue sous le prétexte du
pouvoir d’achat. Or, cela change tout, puisque, ouvrir des droits par la
cotisation, les chômeurs ont « accès à un droit qu’offre la société mais
sur lequel on ne s’est pas garanti à titre individuel, puisque tous les
contribuables l’ont payé », dixit Macron. En d’autres termes, les privés d’emploi
deviennent redevables à la société des prestations sociales qu’ils touchent :
bienvenue dans le système macronien « de droits et de devoirs ». Une
porte ouverte à tous les abus.
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