« Le roi est nu », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
Le masque
tombe. Et cette fois-ci, le roi est nu. L’affaire Benalla révèle l’État Macron « tel
qu’il est », un appareil qui se pense au-dessus de tout, du Parlement, des
syndicats, de la police et des lois. Le butin de délinquant en col blanc d’Alexandre
Benalla est si élevé qu’il n’est déjà plus possible d’expliquer la casse par la
storytelling individuelle d’un garde du corps abusant de sa position dominante.
Tous les agissements de l’homme de confiance d’Emmanuel Macron mettent au
contraire en évidence l’arrogance d’un pouvoir qui cadenasse la démocratie, s’infiltre
dans les rouages de l’administration, distribue les consignes, protège les
siens et travaille à mettre la Constitution en conformité avec une conception
toute monarchique des institutions. En se percutant, les deux événements font
sens.
Comment
imaginer en effet, à partir de révélations qui laissent K.-O. debout la « République
exemplaire » du chef de l’État, que la réforme constitutionnelle se
poursuive ? Hier, les protestations des députés ont eu raison de l’acharnement
des petits soldats de la Macronie à vouloir coûte que coûte continuer l’examen du
texte. Les débats ont été suspendus « jusqu’à nouvel ordre ». On
peine aujourd’hui à croire qu’il est encore possible d’inscrire dans la loi
fondamentale des principes qui renforcent le pouvoir présidentiel, abaissent
ceux des parlementaires et tiennent à distance les citoyens. En plein mois de
juillet. Et sans référendum.
« C’est
une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ;
il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites », écrivait Montesquieu, père de
la démocratie représentative dans « l’Esprit des lois ». Pour le chef
de l’État subitement devenu mutique, la « limite » a pris la force la
force de l’ouragan avant même que la tempête se lève. En quelques heures, l’affaire
Benalla est devenue une crise politique majeure. Qui va devoir livrer sa
vérité.
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