« D’une arrogance à l’autre », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !
Finalement,
l’un ne va pas sans l’autre. Les explications livrées hier par Alexandre Benalla
au journal le Monde en disent autant sur la morgue de l’ex-collaborateur
licencié que sur l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, qui continue, vaille que
vaille, de lui témoigner haut et fort sa « confiance ». Au fond, on
retrouve dans les mots d’Alexandre Benalla le même ton bravache et provocateur
que celui employé par le chef de l’État lors de son discours mardi soir, devant
les députés LaREM.
Le premier,
tout à ses explications vaseuses sur son rôle dans la manifestation du 1er
Mai, ne comprend même pas qu’on puisse lui reprocher sa brutalité. « Si je
n’étais pas collaborateur de l’Élysée, je referais la même chose », ose-t-il.
Le second, dans une harangue à ses troupes, n’hésite pas à railler les
contre-pouvoirs républicains, du Parlement à la presse. Avant de lancer à l’attention
d’un Benalla poursuivi pour violences aggravées : « Je suis fier de l’avoir
embauché à l’Élysée ! » D’une arrogance à l’autre, nous voici face à deux
personnages unis par un même sentiment de toute-puissance. Et une prétention
bien mal placée.
À l’évidence,
ces discours en miroir sur le mode « je n’ai de comptes à rendre à
personne » devraient alerter sur la dérive monarchique qu’Emmanuel Macron
n’hésite pas à imprimer à son quinquennat. Mais également sur le degré de
violence jugée « légitime » que l’exécutif est prêt à laisser s’exprimer
pour imposer ses vues. Le Défenseur des droits l’a évoqué avec brio, mercredi,
devant la commission d’enquête parlementaire du Sénat. Au-delà du dérapage
musclé de Benalla, Jacques Toubon pointe surtout le contexte de brutalité
policière dans lequel il a eu lieu. Et la nécessaire réflexion à mener sur une
doctrine du maintien de l’ordre plus respectueuse des libertés publiques, à commencer
par celle de manifester.
Une suggestion
sait-on jamais, qu’Emmanuel Macron serait bien inspiré de prendre au vol,
plutôt que de s’enferrer et de défendre coûte que coûte ses affidés autant que
ses intérêts.
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