" Se ressourcer ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
La formule bien connue selon
laquelle au Parti socialiste les congrès se gagnent à gauche mais le pays se
gouverne sinon à droite, du moins au centre, vaut-elle pour la primaire remportée
par Benoît Hamon ? Au PS certains le pensent. Ainsi Najat Vallaud-Belkacem,
dans une longue interview publiée par Libération, si elle estime que « Hamon
c’est une chance pour le PS de se ressourcer », c’est « en prenant
appui sur ce bilan » et en semblant disqualifier par avance toute
discussion avec Jean-Luc Mélenchon, qui s’enfermerait dans « une
contestation solitaire du reste du monde ». C’est vite dit quand le
candidat de la France Insoumise a réuni quelques 18.000 personnes dimanche
dernier entre Lyon et Aubervilliers et est suivi par des dizaines de milliers
sur les réseaux sociaux.
En fait, la ministre vallsiste
reprend l’injonction de Bernard Cazeneuve à Benoît Hamon. Pour résumer, ou tu
défends le bilan ou tu n’auras pas l’appui du parti. D’où le sentiment d’un
recentrage du candidat lui-même. On peut évidemment comprendre qu’il ait le
souci de rassembler sa famille politique. Mais, si le départ de nombreux
parlementaires socialistes vers Emmanuel Macron n’a pas eu lieu, il semble bien
que ce soit au prix d’une pression « amicale » sur le candidat, qui a
ainsi annoncé hier, après les avoir rencontrés, qu’il allait se doter d’un
conseil parlementaire pour fabriquer des textes de loi, voire pour élaborer,
selon un de ses proches, un projet présidentiel, dont on croyait pourtant qu’il
avait été énoncé dans ses grandes lignes lors de la primaire.
Faut-il comprendre dès lors que
le PS et son candidat dopé par son résultat et quelques sondages entendent
désormais « se ressourcer » en interne, avec l’espoir d’entraîner
tous les Français déçus de la gauche, depuis ceux qui ont voté Hamon jusqu’à
ceux qui soutiennent Jean-Luc Mélenchon. Ce serait faire revenir par la fenêtre
le bilan politique sorti par la porte et un très mauvais calcul. La question n’est
pas de savoir si le PS se ressource mais si la gauche peut faire avancer une
autre politique.
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