" Parlons - en ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
C’est tout ? La proposition
de François Fillon, à la sortie de son déjeuner avec Nicolas Sarkozy, de porter
à 16 ans la majorité pénale est pathétique et odieuse. Pathétique comme
tentative de relance d’une campagne qui semble chaque jour devenir impossible
en se raccrochant aux branches sécuritaires où est déjà installé le Front
national. Odieuse, parce que prenant en otages politiques les jeunes des
quartiers populaires en instrumentalisant misérablement les graves incidents de
ces derniers jours. Sur les conseils sans doute de son meilleur ennemi, Nicolas
Sarkozy, François Fillon rejoint Marine Le Pen dans l’indignité morale. Avec l’annonce,
hier, du parquet financier excluant un non – lieu, on a envie de dire assez. Assez
monsieur Fillon ! Vous dénaturez la campagne électorale et le débat
démocratique.
Car, pendant ce temps, les
affaires continuent, mais de qui parle-t-on ? Emmanuel Macron nous le joue
en magicien de foire. Un coup de baquette à gauche, quitte à se contredire
comme sur la colonisation et, le moment d’après, je caresse dans les sens du
poil le Medef, qui est dans mon chapeau. On en oublierait presque les
conditions de cette élection telles qu’elles ont conduit le président sortant à
ne pas se représenter. Le quinquennat qui s’achève a été condamné par l’opinion,
singulièrement à gauche parce qu’il a déçu les profondes attentes de changement
qui demeurent dans le pays. Souvenons – nous. L’ennemi, c’était la finance. Elle
gouverne plus que jamais. Les profits du CAC 40 sont exceptionnels. Les inégalités
en France comme dans le monde sont monstrueuses – les salaires,
invraisemblables, de ces mêmes groupes du CAC 40, mais pas seulement, tant s’en
faut, l’attestent. Et que dire des débats autour du Ceta ? De la crise
environnementale ? Il n’y a rien de ce point de vue à attendre de la
droite et du FN, et pas davantage de Macron – libéralisme. C’est à la gauche d’en
débattre. Force est de constater que Benoît Hamon, dans le souci sans doute de
rassembler le PS, est discret depuis quelque temps. Jean-Luc Mélenchon l’a
invité à se parler. Mais c’est à nous qu’il revient aussi de le faire. Parlons –
en.
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