" Justice et vérité ", l'éditorial de Michel Guilloux dans l'Humanité de ce jour !
Vérité et justice. Voilà en deux
mots ce que réclament les habitants d’Aulnay-sous-Bois et les milliers de
personnes, singulièrement jeunes, qui se sont réunis samedi en soutien au jeune
Théo. Un crime a été commis, un viol
pour nommer les choses, à moins d’expliquer autrement ce qui peut aboutir
à un déchirement anal de dix centimètres intervenu lors d’une interpellation. Depuis
la mort de Zyed et Bouna et dix ans de procédure pour rien, jusqu’à celle d’Adama
Traoré, l’été dernier, est-il infondé de penser que le sentiment de racisme s’enracine
sur une réalité de terrain ? Quiconque a la moindre indulgence envers ce
qui s’est passé là nourrit les pires dérives antirépublicaines et
antidémocratiques. Nombre de manifestants contre le loi travail, dont nombre de
lycéens, en ont d’ailleurs été aussi la cible.
Certains avaient émis la promesse
de récépissés pour les contrôles d’identité. Enterrée, comme tant d’autres. Mais
casser le thermomètre fait-il disparaître la fièvre d’une double discrimination :
raciste et sociale ? Pourquoi le jeune animateur a-t-il été arrêté ?
Parce qu’il passait par là ? Parce qu’il avait la peau sombre ? Ou
pour les deux ? Et pour faire du chiffre. Cette politique inaugurée par un
Nicolas Sarkozy, avait l’« avantage » de passer par pertes et profits
ses coupes sombres dans les moyens de la police comme de le justice. Sans effet,
et pour cause, sur les trafics.
Qui peut prétendre que l’absence
d’une police proche et au service des citoyens ne nourrit pas la défiance ?
Que la fermeture systématique des services publics, là comme en zones rurales,
n’a aucune incidence sur le « vivre ensemble », formule devenue
gargarisme de salon ? Et que la casse industrielle, comme à PSA Aulnay, n’a
aucun effet sur la région et désespérance dans laquelle on enferme des
générations entières ? Question subsidiaire : peut-on vanter la loi
du fric comme unique valeur, donner des milliards d’argent public sans contrôle
aux rentiers et prédateurs sans en retirer autant aux dépenses utiles à la
nation et à ses enfants ? de tous côtés, il est urgent d’œuvrer ensemble
pour contrer ces logiques mortifères qui gangrènent toute notre société.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire