" Cartes sur table ", l'éditorial de Maurice Ulrich dans l'Humanité de ce jour !
À l’issue d’un week-end à haute
densité politique, les cartes, si l’on peut dire, semblent distribuées, à l’exception
notable de l’une d’elles. Passé du rôle de roi de cœur à celui de valet de
pique dans les finances publiques, François Fillon, vraisemblablement, ne
pourra plus tenir longtemps. Marien Le Pen espère sans doute beaucoup de son
éventuel renoncement, alors qu’elle est elle-même impliquée dans plusieurs
affaires l’amenant à se rabibocher avec son papa pour faire face. Le clan
familial se ressoude comme les tontons flingueurs quand il est question d’argent.
Plus fondamentalement, la dirigeante de la droite extrême est entrée en
campagne à Lyon, hier, avec son programme mêlant, comme le célèbre pâté, une
alouette de démagogie sociale à un cheval de propositions xénophobes,
réactionnaires et de repli identitaire. Ce programme est dangereux. C’est
pourquoi nous avons choisi de le décrypter aujourd’hui même dans quatre pages
spéciales qui ont vocation à être un outil de lutte.
À Lyon également, les
commentateurs n’ont pas manqué de saluer « la démonstration de force »
d’Emmanuel Macron, alors que chacun s’accorde à reconnaître qu’il ne dit pas
grand-chose de son projet. Sans, doute, mais il ne faut pas être un spécialiste
du vol des oiseaux pour comprendre qu’il est dans la position de l’oiseleur
tendant les filets du libéralisme à toutes celles et tous ceux qui dans la
crise politique ont perdu leurs repères. On ne sait si les mêmes commentateurs
vont parler aussi de la « démonstration de force » de Jean-Luc
Mélenchon, 12.000 à Lyon, 6000 à Aubervilliers. Le candidat de la France Insoumise
a fait jeu égal à Lyon avec Emmanuel Macron, devant Marine Le Pen, quand Benoît
Hamon, officiellement investi par le PS, semblait d’abord soucieux, au moins
hier, d’un rassemblement de socialistes à socialistes. Il est trop tôt pour
penser qu’il s’agit d’une volonté hégémonique et d’une fermeture du débat à
gauche. Mais chacun le sait. Tout doit être fait pour que les Françaises et les
Français qui ont besoin d’un vrai changement, pas par idéologie mais dans leur
vie de tous les jours, pèsent à gauche pour une majorité de projet, pour un
travail commun, cartes sur tables.
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