" La tour (maraîchère) prend garde " !
Ce projet qui tient davantage à
la gloriole et aux caprices, vient de faire l’objet d’une délibération du Conseil
municipal. Une délibération qui tient davantage à l’enfumage des esprits plutôt
qu’à la transparence qui devrait accompagner un programme de 5 millions d’euros
transformant Romainville, rien que çà, en « ville mondiale » de
« l’agriculture urbaine ».
Projetons-nous quelques années en
arrière, pour refaire l’histoire de cette pensée profonde.
C’est le 6 octobre 2011, que nous
apprenons par un quotidien du matin « l’implantation d’une ferme
verticale, de 7 niveaux, à la cité Marcel Cachin ». En septembre 2012 nous
avons vu un américain se promener dans la cité pour prodiguer ses conseils sur
cette tour « révolutionnaire » qui, notons-le, était ramenée à 5
étages et abritant 1500 m2
de culture de fruits et légumes. Le coût avait alors été évalué à 3 millions
d’euros, sans en savoir davantage sur les financeurs.
Le 4 février 2016, le même
quotidien nous gratifie d’un long article pour vanter « cette vitrine
mondiale ». Les cabinets d’architectes, présentent de jolis dessins pour
faire prendre vie à l’arlésienne de la ville. Dans cet article on nous parle
d’un coût d'opération s’élevant à 4 millions d’euros, dont les trois quarts
sont à trouver.
Nous en arrivons à cette réunion
du Conseil municipal de ce 25 janvier 2017, où est adoptée par les
élu(e)s de la majorité municipale une convention de mandat entre la ville et
Romainville Habitat pour la construction de la tour. Notons d’abord, si l’on en
croit les écrits du MGC, que les surfaces cultivables sont ramenées à 1000 m2 . Quant au coût, il
se situe autour de 5 millions d’euros. Bien loin donc des estimations publiées
en 2012.
Cette délibération nous parle de
l’engouement pour ce projet et précise QUE L’ASSIETTE DE TERRAIN APPARTENANT À
ROMAINVILLE HABITAT EST CÉDÉE À LA VILLE PAR BAIL EMPHYTÉOTIQUE, MAIS QUE LA
VILLE CONFIE À ROMAINVILLE HABITAT LE SOIN DE CONSTRUIRE LE BÂTIMENT. Cela ne
manque pas d’interroger. Puisque la ville devient propriétaire des terrains
pourquoi n’assume-telle pas ses responsabilités ? Pourquoi serait-ce à
Romainville Habitat de le faire, alors que ses seules ressources proviennent des loyers payés par les 3500 locataires ? On a beau nous répéter que ces derniers ne seraient pas mis à contribution, la réalité est tout autre. La
convention de mandat est d’ailleurs parfaitement claire. Romainville
Habitat :
·
Elaborera le programme prévisionnel
·
Engagera si nécessaire toute étude complémentaire
·
Préparera la consultation pour désigner les
entreprises de travaux
·
Conclura et signera les marchés correspondants
·
S’assurera de la bonne exécution des marchés
·
Procédera au paiement des entreprises
·
Assurera le suivi des travaux
·
Assurera la réception des ouvrages
·
Souscrira une assurance dommages ouvrages et/ ou
tous risques chantiers.
Il s’agit donc bien de faire payer en partie un projet communal, par les
seuls locataires de Romainville Habitat. D’autant plus que pour l’heure, le
projet est loin d’être financé en totalité, puisque seules se sont associées à
la maîtrise d’ouvrage, la Métropole du Grand Paris, la région Île de France et
le Conseil départemental. On peut estimer qu’un tiers seulement des coûts
estimés se trouvent financés. Alors qu’on nous annonce ce projet pour 2018, qui avancera les fonds ? Qui paiera, au bout du compte ? Les contribuables ? Les seuls locataires ?
Que ce soient
les uns et les autres, ce projet est un non sens. Cherche-t-on à se donner
bonne conscience au regard d’un bétonnage à outrance qui voit disparaître des
espaces publics et de pleine terre ? Comment oser parler d’une opération
créatrice d’emplois ?
Curieusement
d’ailleurs, plus un mot n’est dit sur le fonctionnement de cette tour. Qui en
aura la gestion ? Le gérant qui en hériterait devra-t-il s’acquitter d’un
loyer consécutif à l’amortissement de la construction ? Dans l’article
publié le 6 février 2016, on parle de 16
tonnes de produits vendus chaque année. Ce qui signifie, que compte tenu des
charges (matériel, achats divers, plantations, eau, électricité) une telle
production ne peut permettre que la rétribution d’une seule personne.
Comment
peut-on décemment engager une dépense de 5 millions d’euros, sans avoir
connaissance des tenants et des aboutissants ? Poser ces questions c’est
tout simplement faire preuve de responsabilité lorsqu'il s'agit de l’utilisation de fonds
publics !
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