« Revanche en noir », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Ils préparent
une revanche. Les messieurs bien mis qui font les hauts et les bas de la bourse
brésilienne auraient préféré un candidat plus présentable. Leur favori, à la
peine, ils reportent leurs espoirs de revanche sur un fasciste pur sucre,
familier des militaires putschistes, amateur de privatisations et de répression :
Jaïr Bolsonaro. Son populisme l’a placé en tête des intentions de vote pour le
premier tour de l’élection présidentielle. Les oligarques de Rio et de Sao Paulo
espèrent parachever avec lui une entreprise qui court depuis plusieurs années. Ella
a débuté par la destitution de la présidente Dilma Rousseff par une coalition
de parlementaires réactionnaires et de députés affairistes compromis dans des
scandales. Elle s’est poursuivie par un mauvais procès fait à Lula et son
emprisonnement pour empêcher le leader charismatique du Parti des travailleurs
d’être réélu président. Un complot des pourris et des nantis pour reprendre le
terrain gagné par les déshérités brésiliens, accaparer la quasi-totalité des cent
quarante et une entreprises publiques, broyer les retraites dans leur
capitalisation, comprimer les dépenses publiques et en premier lieu les budgets
sociaux.
Ce projet
au long-cours – comme le continent en a connu plusieurs – a d’abord trouvé un
accueil complaisant parmi les décideurs occidentaux et les grands médias. Ces paysans
sans terre et le petit peuple des favelas et des usines étaient devenus des
acteurs politiques trop menaçants pour les latifundiaires et les financiers
brésiliens ou internationaux qui mettent en coupe réglée le géant de l’Amérique
latine. Et qu’importe finalement si leur champion a une sinistre allure…les
affaires, dit-on dans ces milieux, étaient meilleures sous les généraux à
visières et lunettes noires.
La partie
n’est pas jouée cependant. Fernando Haddad, du PT, et sa colistière communiste
se sont fait connaître dans la campagne. Ils progressent régulièrement et
incarnent désormais le vote social, le choix démocratique, l’humanisme. Le Brésil
n’a pas encore basculé dans un trou noir.
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