« Orages », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain vendredi
« Nul homme n’est une île complète en soi-même, tout homme est une part du
continent,
une part du tout ». A la veille du second tour de l’élection présidentielle au
Brésil, les mots du poète et prédicateur anglais John Donne sont de notre
temps. La possibilité de l’élection du candidat Jair Bolsonaro n’est pas
seulement une menace dramatique pour le peuple brésilien et la démocratie,
c’est une menace de plus pour le monde. Le pays qui semblait avoir pris avec
les années Lula le chemin du progrès social, de la justice, voit revenir les
spectres de la torture, de l’arrogance de caste, du racisme. Jamais la droite
et l’extrême- droite brésiliennes n’ont accepté le nouveau cours des choses.
Elles veulent retrouver leurs privilèges, en posant sur le peuple un talon de
fer.
Mais cette élection ne concerne pas que le Brésil. A l’heure du
défi climatique, Bolsonaro partage avec Donald Trump un cynisme criminel. Après
eux le déluge. Si jamais il est élu, l’exploitation forcenée de la forêt
amazonienne va reprendre à grande échelle menaçant toute la planète tandis que
les populations indigènes subiront un génocide qui ne dira pas son nom.
Nous vivons une sorte de basculement du monde. Nous
voyons le retour au pouvoir d’extrêmes droites sans vergogne et les démocraties
sont de nouveau en proie aux démons du racisme, de l’intolérance. Chez ceux qui
se prétendent progressistes, les inégalités grandissent et les puissants se
servent à la louche. On sait comment se termine la phrase de John Donne : « Et
si tu entends sonner le glas, ne demande pas pour qui il sonne. C’est pour toi
». Nous n’en sommes pas là. Jair Bolsanaro peut-encore être battu dimanche, il
nous faut l’espérer. Partout dans le monde, les forces de progrès n’ont pas
désarmé et nous sommes appelés à de nouveaux combats. Les chicailleries et les
egos de la gauche apparaissent dérisoires et absurdes quand doivent se
retrouver les femmes et les hommes de bonne volonté contre l’orage. « Quand les
blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».
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