« L’AIDE ET LES QUESTIONS », L’ÉDITORIAL DE MAURICE ULRICH DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN, MARDI
On reste abasourdi devant le bilan des pluies diluviennes qui ont ravagé
l’Aude et la région de Carcassonne. Onze morts en une nuit. Comment est-ce
possible ? Mais d’abord, il est question d’aide, de solidarité.
Des villages ravagés, des routes détruites, des cultures dévastées, des
familles sinistrées. C’est vers elles et vers les agriculteurs que doit se
tourner notre soutien et c’est à elles et eux que les pouvoirs publics doivent,
tout de suite, porter secours et assistance. Le premier ministre s’y est engagé
sur place, les actes doivent suivre. On sait que cela n’a pas été exactement le
cas, c’est le moins qu’on puisse dire, aux Antilles. Les actes doivent suivre
tout autant pour les sociétés d’assurance et l’État doit y veiller. On connaît
trop d’exemples où, les indemnisations tardant, les déclarations généreuses se
transforment en questionnaires tatillons, voire en fins de non-recevoir.
Comment est-ce possible ? Le phénomène est exceptionnel. Il faut remonter à
1891 pour trouver une telle crue dans la vallée de l’Aude. Mais au cours des
trente dernières années, les épisodes cévenols meurtriers se sont répétés
régulièrement. Nîmes, Vaison-la-Romaine, le Var, la Corse. En 2014, 14 épisodes
violents affectent le Sud-Est en six semaines et en trois mois ils sont quatre
à cinq fois plus nombreux que la normale, s’il y a encore une normale. On ne
peut, au vu de ces drames qui se sont au total soldés par des dizaines de
morts, s’en tenir à la fatalité et aux sautes d’humeur du climat. On a, à
chaque fois, évoqué l’aménagement du territoire, le drainage des cours d’eau,
les constructions en zones inondables, l’arasement des sols en zones
constructibles… Des solutions partielles ont été apportées mais elles restent
insuffisantes, la preuve en est encore faite de façon dramatique. Alors que
l’on pressent et que l’on peut même penser, selon nombre de scientifiques, que
ces phénomènes vont devenir plus fréquents et plus graves, il est du devoir des
citoyens d’exiger des réponses d’une tout autre ampleur et il est du devoir des
pouvoirs publics et de l’État de ne pas s’y dérober.
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