« Binaire », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
On aimerait,
après son intervention à la télévision marquée par l’opposition binaire qu’il a
tracée entre ce qui serait son progressisme et les populismes ou les
nationalismes, poser cette question à Emmanuel Macron : les retraités qui
vont manifester aujourd’hui avec toutes leurs organisations, associatives ou
syndicales, où les range-t-il ?
Il suffit
de la formuler pour qu’apparaisse le cadre mensonger dans lequel il entend
enfermer les débats à venir autour des élections européennes aussi bien que les
débats dans le pays et la contestation grandissante de sa politique. Ce ne sont
pas seulement ses provocations et son arrogance qui lui sont reprochées, ce
sont ses choix et leurs résultats. Car résultats il y a, mais pas ceux dont il
se prévaut en évoquant les « réformes » accomplies par son
gouvernement. La réalité toute simple, c’est que le pouvoir d’achat des plus
modestes a régressé et que celui des plus riches a connu une incroyables
progression jusqu’à plus 17%. La réalité, pour ne citer que cela, c’est que cet
argent n’a contribué, en aucune manière, à l’investissement et à la création d’emplois.
Moi ou
le chaos, avait dit le général de Gaulle, Emmanuel Macron nous rejoue la partition
mais il la répète en farce aux accents dramatiques sur-joués. C’est la vieille
ficelle de l’opposition ami-ennemi. Qui n’est pas avec moi est contre moi. Il n’est
pas vain de constater à ce propos que dans son appel aux énergies de la nation
et de toutes les bonnes volontés, s’il a cité les associations et les élus, il
s’est bien gardé de citer les syndicats, ne serait-ce que pour les définir sous
la forme commode des « partenaires sociaux ». Alors, où les range-t-il
eux aussi ? Emmanuel Macron le sait parfaitement : les oppositions à
sa politique, les oppositions à la politique européenne actuelle telle qu’elle
est pilotée depuis Bruxelles en échappant aux citoyens ne sont pas du populisme
ou du nationalisme, même si les forces d’extrême droite font tout pour les
récupérer. Mais il joue délibérément et cyniquement avec le feu.
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