« CEUX QUI SE PLAIGNENT », L’ÉDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN MARDI
Preuve s’il en est que la Macronie ne traverse aucune crise, le
gouvernement va être remanié en profondeur.
Si l’épisode Benalla en a été l’épicentre cet été, les démissions
successives en sont des répliques qui dénotent la faiblesse de l’exécutif,
revers de la médaille du raid réussi sur le champ politique en 2017. Un peu
plus d’un an a passé et déjà s’estompe l’illusion du « et de droite et de
gauche ». Code du travail, SNCF, amputation des aides au logement pour les plus
jeunes ou des pensions pour les plus vieux, hôpitaux saignés par les logiques
comptables, Ehpad qui révèlent un système inhumain, chasse aux chômeurs,
sélection sociale aggravée à l’entrée de l’enseignement supérieur, casse de
l’enseignement professionnel… mais transformation des 27 milliards du Cice en
cadeaux renouvelables aux entreprises, sans aucune contrepartie demandée en
termes d’emplois et d’environnement : il devient de plus en plus aisé de
repérer de quel côté penche la balance.
D’un adolescent qu’il tance parce que ce jeune sifflote l’Internationale
dans un lieu de mémoire où furent massacrés ceux qui la chantaient sous les
balles à de paisibles retraitées survivant avec à peine 500 euros par mois à
qui il ose reprocher de « se plaindre », on remarque le même fil du mépris du
privilégié face aux cibles et victimes de sa politique. En effet, comme le dit
Philippe Martinez dans nos colonnes, il y a bien un aspect « hors-sol » chez
les partisans obstinés et fanatiques de la mise en coupe réglée du pays au seul
bénéfice des tenants du profit immédiat. La prochaine étape est de supprimer toute
visibilité sur les futures pensions de retraite des salariés d’aujourd’hui,
voire sur l’âge de cessation d’activité. Toute la logique égoïste du
tout-libéral est dans cette traque de l’esprit de solidarité qui se niche
désormais au cœur de la fiche de paie. L’autre jour, à
Colombey-les-Deux-Églises, le chef de l’État a eu ces autres mots : « Le
Français ne voit que ce qu’on lui enlève. » Qu’y a-t-il d’autre quand on ne
s’appelle ni Bernard Arnault ni Geoffroy Roux de Bézieux ?
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