« La chienlit, c’est lui…, l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !
Tout
était réglé comme du papier à musique. Sous le crépitement des flashs des
photographes, Macron prendrait la pose devant la tombe du général de Gaulle,
puis se recueillerait devant la croix de Lorraine, avant un bouquet final au
Conseil constitutionnel pour souffler les 60 bougies de la Ve République…Un
storytelling impeccable, apte à rasseoir sur son trône un monarque républicain
fragilisé depuis l’affaire Benalla. Mais, voilà, Emmanuel Macron n’a plus la
baraka. Et comme disait le général de Gaulle, « les emmerdes, çà vole
toujours en escadrille ». Pire, la démission rocambolesque de Gérard
Collomb tombe au plus mauvais moment. Le cliché d’Emmanuel Macron à
Colombey-les-Deux-Églises risque plutôt d’immortaliser le constat de faillite d’une
Ve République à bout de souffle, maintenue sous assistance
respiratoire par le « malentendu » Macron.
Un autre pilier de la Macronie vient de s’écrouler. Après François
Bayrou et Nicolas Hulot, Gérard Collomb est le troisième ministre d’État qui
jette l’éponge en moins de dix-huit mois. Du jamais-vu ! Alors, n’en
déplaise au locataire de l’Élysée, oui, il s’agit bien d’une crise politique. D’autant
que les conditions du départ du ministre de l’Intérieur, condamnant l’ancien « maître
des horloges » au rôle de spectateur impuissant, en disent long sur les
grandes fragilités d’un pouvoir dont le capital politique s’est réduit comme
peau de chagrin. Piqué au vif pour avoir servi de fusible dans l’affaire
Benalla, Gérard Collomb ne part pas sur un désaccord politique. Il sort de la
place Beauvau par la petite porte, laissant pour héritage l’inique loi asile et
immigration, pour laquelle il aura justifié la détention administrative des
enfants et distillé le venin populiste en parlant de « submersion ».
Cette fuite marquera un tournant décisif dans le
quinquennat. C’est le caractère véritablement imprévisible des commencements
qui fait le politique, rappelait il y a peu le psychanalyste Roland Gori dans
nos colonnes. Le chapitre jupitérien est tourné, mais l’aventure macroniste
loin d’être terminée. À la gauche de progrès, maintenant, d’inventer la suite
de l’histoire.
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