« L’égalité au tableau noir », l’éditorial de Patrick Appel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
La décision
fondait la République. « Gratuité obligatoire », l’école devenait un
ciment social, un ferment d’égalité. Elle s’est alors trop réduite à former la
main-d’œuvre dont les industriels
avaient besoin. La promesse n’est toujours pas tenue et elle est même
subrepticement abandonnée. La gratuité n’est pas au rendez-vous, écornée par le
coût des repas, des transports et la quasi-obligation de l’équipement
informatique pour les collégiens et les lycéens. Des collectivités locales – et
l’on donnera par exemple le département du Val-de-Marne – tentent de combler
les défaillances de l’éducation nationale, de colmater la brèche. Mais, pour
des centaines de milliers de familles, la rentrée reste une angoisse, une mise
en péril de budgets déjà étriqués. L’annonce de petits déjeuners dans les
écoles de quartiers pauvres est utile, mais reste une réponse dérisoire. Notre
société devrait porter une tout autre ambition.
Les faits
trahissent les discours de Jean-Michel Blanquer. L’expérience de Parcoursup a
glissé dans le labyrinthe des algorithmes des critères d’admission qui
favorisent les parcours des enfants des beaux quartiers au détriment des
lycéens des banlieues populaires. Le dispositif contraint des dizaines de
milliers de bacheliers à s’orienter vers l’enseignement privé, faute de
filières accessibles ou d’admissions garanties. Une école de la concurrence
formatée selon les dogmes libéraux et engoncée dans les règles d’antan menace
sous les projets du ministre.
L’ambition
d’une école qui contrecarre autant que faire se peut les inégalités sociales, d’un
enseignement qui forme les esprits libres, d’une culture suffisamment ample
pour cheminer dans des temps de bouleversements technologiques et
scientifiques, de formations qui élèvent les qualifications de tous en vue de
métiers qui se libèrent des aliénations…devrait s’imposer à tous. Ce chantier
est à entamer.
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