« Ailes rognées », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Pourquoi
a-t- il choisi Benjamin Smith comme PDG d’Air-France et quelles raisons
poussent le gouvernement à lui accorder une rémunération faramineuse de 4,25
millions d’euros, trois fois supérieure à celle de son prédécesseur ? L’échec
du référendum organisé jusqu’au 4 mai auprès des salariés a confirmé que
ceux-ci ne se laisseraient pas convaincre – comme ce fut le cas en 1994 – d’abandonner
des droits sociaux sans réagir. Jean-Marc Janaillac l’a payé de son fauteuil. Mais
les libéraux qui nous gouvernent n’ont pas abandonné le projet qui vise à
imposer le low cost, dans les airs et sur les salaires, alors même que ce
modèle est vivement mis en cause chez Ryanair.
Pour
cela, il fallait un homme qui n’ait pas d’attaches avec les ailes françaises,
un dirigeant qui ait fait ses preuves en réduisant les salaires. Benjamin Smith
s’y est attelé au sein de la direction d’Air Canada, et il n’aura aucun état d’âme
pour marginaliser la participation publique au sein du capital (14,3%) et
favoriser la montée en puissance d’un concurrent actionnaire, Delta Air Lines
(8,8%). Il se targue d’être un tueur de coûts, salariaux évidemment, et de tout
miser sur le cours de l’action. C’est ce profil de mercenaire international qui
allèche les actionnaires privés et qui inquiète les organisations syndicales,
et pas seulement celles des pilotes, le SNPL, mais aussi celles des bagagistes,
des mécaniciens, des hôtesses et stewards…Leur hostilité ne s’accompagne d’aucun
relent xénophobe, comme le répète la presse courtisane. Elle est inspirée par
la lucidité sur la stratégie à l’œuvre. La partie qui s’engage n’est pas jouée
et le mois de septembre, au terme duquel Benjamin Smith prendra ses fonctions,
donnera la température avec notamment un bras de fer salarial.
Lignes
de chemin de fer abandonnées, SNCF transformée en société anonyme, ferroutage
délaissé, cars déversés sur les routes, patrimoine routier mal entretenu…Avec
le dernier épisode d’Air France, une politique désastreuse des transports se
met en place.
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