« Climat et avenir », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !
En marche
vers le chaos ! Hormis nourrir le terreau de la haine, de la division et
de l’appel des maîtres qui en apaiseraient la mauvaise conscience des effets,
se borner à constater l’état des lieux planétaires, même en versant des larmes
de crocodiles, ne sert à rien. La collision du réchauffement avec des crises de
système qui ressortissent de la crise de
civilisation appelle à changer radicalement la logique. « Notre maison
brûle et nous regardons ailleurs. » Ce « nous » n’était pas
indistinct : Jacques Chirac, président de la République, s’adressait à ses
homologues lors du premier Sommet de la Terre dédié à la question du
réchauffement, en Afrique du Sud, fin août début septembre 2002.
L’accentuation
des inondations, incendies et autres sécheresses n’est pas spontanée :
elle a été anticipée depuis bien longtemps désormais par les scientifiques
spécialistes du climat et répétée au rythme des sommets climats qui ont suivi
depuis seize ans…La France n’y fait pas exception, en accueillant la COP 21. Devenu
président, Emmanuel Macron a même prétendu au titre de champion de la lutte
contre le gaz à effet de serre, tandis que son cher ami Trump déchirait l’accord
de Paris conclu en 2015. Si la manière diffère, leurs priorités sont ailleurs. C’est
qu’en matière de climat comme pour le reste, plus on est faible et pauvre, plus
on paye cash le moindre effet de dérèglements en cours. Les pays dits « riches »
autrement dit les grandes puissances mondiales, s’avèrent incapables d’honorer
leur engagement de les aider à hauteur de 100 milliards de dollars. Cette somme
est de treize fois inférieure aux sommes gâchées dans la course aux armements
nucléaires et dix fois moindre que les dividendes versés au niveau mondial à la
planète spéculation pour le seul premier semestre de cette année.
On ne
saurait mieux voir là l’incompatibilité foncière entre un système planétaire
entièrement fondé sur le gâchis du fruit du travail humain et des ressources de
la planète, et une lutte résolue pour sauver « notre maison commune ».
Chaque pas fait en commun, ici comme par-delà les frontières, par la mise en
mouvement citoyenne pour imposer d’autres choix sociaux, démocratiques et
environnementaux est le seul qui dessinera un autre avenir tenable.
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